Après avoir remercié le préfet pour la qualité de relations « constructives, franches et fluides » et rappelé le contexte géopolitique national et international, Germinal Peiro a d’abord redit au représentant de l’État que priver les départements de ressources fiscales revient à menacer leur existence. « Nous avons perdu en trois ans 5,2 millions d’euros. » Et les recettes issues des frais notariés, après les bonnes années post-Covid, sont retombées de 91 à 69 M€. Tous comptes faits, entre les ressources en baisse et les dépenses supplémentaires, 30 M€ manquent dans le budget du Département. « Nous allons devoir nous concentrer sur nos compétences obligatoires : social, routes, collèges, SDIS…»
Aides à domicile et déserts médicaux
Le président remarque que « si l’on mesurait l’état de la société au nombre d’enfants placés sous l’autorité du Département, on considérerait qu’elle va mal : 700 enfants il y a 11 ans, 1 450 aujourd’hui ». Ces enfants sont le plus souvent retirés à leur famille par la Justice. À ce tableau préoccupant, il faut ajouter 250 mineurs isolés.
La solidarité s’exerce aussi en faveur des personnes âgées et handicapées : le Département a doté les aides à domicile de 1 345 véhicules (4 M€) pour faciliter leur mobilité, leur rémunération étant par ailleurs revalorisée. Dans le cadre de la lutte contre la désertification médicale, après les antennes du centre départemental de santé à Excideuil, Saint-Médard-de-Mussidan, Saint-Astier, Ribérac, une autre ouvrira à Saint-Léon-sur-l’Isle.
Le 100% bio, local, fait maison va se généraliser aux 35 collèges de Dordogne : onze établissements sont déjà entrés dans ce cercle vertueux, huit les rejoindront cette année. Les formateurs du Département aident aussi les écoles dans cette transition alimentaire.
La fibre locale
Concernant la modernisation du réseau routier, Germinal Peiro pointe un millier d’ouvrages d’art à entretenir et cite les ponts de Mouleydier, Ménesplet, Groléjac (12 M€), Cubjac… « et on a tellement envie d’en faire d’autres », sourit-il en ajoutant : « Le pont Simone-Veil de Bordeaux et celui d’Agen figurent dans le palmarès des bonnes nouvelles régionales selon Sud Ouest, on finira par avoir une bonne nouvelle en Dordogne…»
L’installation de la fibre, le plus gros chantier de la décennie, offrira à 300 000 foyers et entreprises la possibilité d’en disposer fin 2025 (5 puis 10 M€ par an du Département au début, idem pour la Région, 105 M€ de l’État, et le concours du SDE24 et des intercommunalités). « C’est le meilleur outil de désenclavement, un point d’attractivité très important.»
Les projets d’aménagement sont répartis sur l’ensemble du département « pour qu’il ne reste pas de la lumière à Périgueux et Bergerac, et tout le reste dans le noir », avec notamment des plans vélo, gymnase, piscine… Enfin, commémoration de la Libération et dynamique sportive sur le parcours de la flamme Olympique marqueront 2024.
Planification écologique et santé
Le préfet, saluant lui aussi un travail collectif et constructif, a éclairé l’actualité du Périgord à l’aune des orientations de l’État et des politiques publiques déclinées localement.
Après avoir parlé de transition écologique, le temps est venu de la planification écologique, « une priorité qui reste directement rattachée au nouveau premier ministre », avec une accélération des décisions. Dans chaque région, d’ici l’été, une feuille de route fixera les actions à mener : cette COP régionale sera déclinée dans chaque département, les collectivités locales transmettant d’ici février leurs initiatives et projets. 10 milliards d’euros supplémentaires figurent dans la loi de finances 2024, le Fonds verts y est pérennisé pour contribuer à l’amélioration énergétique des écoles. En Dordogne, 186 projets ont déjà été financés (6 M€ de subventions).
Le “douloureux” état de l’accès aux soins ne commencera à s’améliorer qu’à partir de 2026. D’ici là, il faudra composer avec la ressource disponible « en libérant du temps médical et en coordonnant les professionnels de santé » avec des délégations de tâches des médecins vers les infirmiers et pharmaciens, ou des assistants médicaux (ils sont 50 en Dordogne, peuvent libérer jusqu’à 25 % d’agenda avec des pré-examens et tâches administratives, avec l’essentiel du salaire pris en change par l’assurance maladie). En complément des maisons et centres de santé, les Communautés professionnelles territoriales de santé devraient se généraliser, avec la perspective de passer de 5 à 8 pour toucher l’ensemble de la population. « C’est à cette échelle que nous poursuivrons les échanges, avec l’ARS, pour essayer de dépasser la concurrence que se livrent les communes pour l’installation de médecins libéraux.»
Des dispositifs à saisir
Enfin, Jean-Sébastien Lamontagne a évoqué la poursuite du déploiement de France Ruralités, destiné à adoucir les inégalités dans les territoires ruraux. Après les 36 espaces France Services facilitant l’accès aux services publics, le dispositif Villages d’avenir accompagne des communes de moins de 3500 habitants dans l’ingénierie de projets : 45 d’entre elles sont déjà labellisées pour bénéficier de cet appui. Le préfet insiste sur deux dispositifs de France Ruralités trop peu utilisés : le fonds mobilité rurale, doté chaque année de 90 M€ pour offrir des alternatives à la voiture (aucune sollicitation en Dordogne) et le fonds de soutien au commerce rural, doté de 12 M€, qui aide à l’installation de multi-services, sédentaires ou itinérants, dans les communes où il n’y en a plus (Lanquais et Liorac-sur-Louyre y ont eu recours).