Au milieu des allées bétonnées du Parc des Expos, le havre de nature créé par Franck Serra, fondateur de l’entreprise Serra Paysage, est une bouffée d’oxygène. Le clapotis de l’eau apaise, des petites enclaves invitent le visiteur à s’asseoir, à flâner les pieds dans l’herbe humide… Ce paysage lyrique en ferait presque oublier le brouhaha ambiant.
Cet espace, nommé par son créateur Délices du Périgord, a été primé en juin dernier à l’occasion du salon Jardins Jardin 2024 à Paris. Sur plusieurs jours, ce rendez-vous est un incontournable pour les amoureux des jardins, s’adressant aux professionnels comme aux particuliers.
Le paysagiste participait pour la troisième année à Jardins Jardin, après avoir remporté en 2023 le prix de la création paysagère avec son jardin de La fée demoiselle.
La beauté de la nature du Périgord
Délices du Périgord, c’est une invitation à découvrir la Dordogne, qui inspire son créateur. Ardent défenseur de son métier, comme de la nature, Franck Serra souligne l’aberration de planter des espèces là où elles ne peuvent vivre. “Je voulais montrer qu’on peut être original sans avoir un olivier ou un palmier devant sa porte.”
Pari réussi, avec des essences comme l’arbousier, le cornouiller, des pins maritimes ou encore des chênes verts qui rappellent les coteaux calcaires périgourdins. Franck Serra a voulu recréer une philosophie, une ode à la promenade, au repos et à la contemplation. “C’est ça le Périgord”, résume Franck Serra.
Au-delà de mettre la Dordogne à l’honneur, le paysagiste avoue trouver davantage de sens et d’identité dans ses créations en s’inspirant de son territoire. “Cela résonne mieux en moi.” Ainsi, il se fournit en circuit court pour ses matières premières, de la pierre aux arbres, et montre à ses clients “qu’on peut être créatifs avec des matières de chez nous”.
Ne pas déséquilibrer les écosystèmes
Délices du Périgord, c’est donc un retour aux sources, avec un point d’eau, qui traverse un tronc creusé, “un hommage aux pirogues périgourdines qui ont permis aux hommes préhistoriques de voguer le long des rivières”. Des matières premières aux savoir-faire utilisés pour réaliser ce jardin, Franck Serra incarne la Dordogne en nature.
Et pour le professionnel, l’aménagement paysagiste n’est pas en contradiction avec la nature, bien au contraire. “Il faut accompagner la nature, et ne pas aller aux antipodes de ce qu’elle est.” S’il prône l’utilisation d’essences locales, qui peuvent vivre là où elles sont installées, le Maître jardinier s’efforce d’aller au-delà et de les adapter au changement climatique, à la hausse des températures à venir. “Ainsi, on ne déséquilibre pas les écosystèmes.” Désormais, Franck Serra utilise davantage de chêne vert, et abandonne le bouleau ou l’hortensia.
Intarissable sur son métier, et sa passion, Franck Serra a déjà la tête dans ses prochains projets, dirigés vers l’étranger, mais sans en dire plus. “On me connaît dans les concours, les festivals ; là, j’aimerais préparer mon coup, ça ne sera peut être pas en 2025…” En trois ans, il a réalisé six jardins éphémères, et a encore des idées…