Le bureau Brexit, soigneusement fléché à la cité administrative de Périgueux, ne désemplit pas. Sur les 5 783 cartes de séjour parties en fabrication ou déjà distribuées, Simon Fletcher vient de recevoir la 5000e des mains de Frédéric Perissat, qui a indiqué en souriant aux autres Britanniques en attente au guichet qu’il ne faisait pas ça tous les jours. « Super nickel » — en français dans le texte, remarque le préfet : c’est le verdict de Simon sur la procédure de demande, réglée en l’espace d’un mois, doublée d’un accueil efficace sur place.
Simon et son épouse Susan, dont il a également récupéré la carte, sont tombés amoureux du Périgord il y a 30 ans, plus précisément de Brantôme, et ils sont ravis, par cette démarche, de conforter leur présence localement. Ils résident en France depuis 2004, à Lille, mais préparent leur retraite à Champagnac-de-Belair depuis 2019, pour en faire davantage qu’une destination de vacances.
Covid et Brexit : too much
Dans un français impeccable, Simon ne cache pas son vœu d’un retour de son pays vers l’Europe, et il se définit d’ailleurs, avant de se dire résident britannique ou Périgourdin d’adoption, comme « citoyen européen, et basta !» Plutôt que voir dans le Brexit un assombrissement des relations franco-britanniques, il préfère parler de « ses amis français » et de la facilité avec laquelle les demandes de carte de séjour ont été traitées et suivies. Certains Britanniques parmi ses connaissances se sont dépêchés de faire les démarches pour s’attacher à la France, d’autres ont vendu les biens qu’ils y avaient acquis.
Chef de chœur à Lille à ses heures, avec pour spécialité les comédies musicales, en manque de répétition autant que de spectacle en cette période Covid, Simon travaille pour l’union internationale des chemins de fer, à Paris, après 10 ans passés chez Eurostar : le Brexit était déjà en toile de fond, la Covid s’y est ajoutée. La société qui l’emploie prépare d’ailleurs une application tout en un, par QR code, qui doublera le ticket de transport d’un passeport vaccinal… Mais cela ne fera pas l’économie du passeport obligatoire pour franchir la Manche. Et Simon se désole devant le sien, qui n’indique plus l’union européenne.
Quelques clés
- La présence britannique en Périgord est de 7 à 8000 personnes.
- 7000 demandes ont été déposées via le site unique de dépôt en ligne. La Dordogne est le premier département français en nombre de demandes de titres (devant Paris, la Charente, la Haute-Vienne…)
- 316 demandes sont en cours d’instruction au 12 mars 2021.
- 80 rendez-vous sont fixés quotidiennement pour finaliser le dossier (photo et prise d’empreintes).
- La date limite d’installation pour un ressortissant britannique souhaitant séjourner définitivement en France était fixée au 31 décembre 2020.
- La date limite de demande de délivrance de ces titres de séjour « accord de retrait“ est fixée au 30 juin 2021.
- Au 1er octobre, ce titre devra avoir été délivré. Il sera obligatoire pour entrer sur le territoire national (visa).
- Hors Brexit, la Dordogne remet en moyenne 2200 titres de séjour par an.
- Ce titre est gratuit, carte de 10 ans pour plus de 5 ans de présence et de 5 ans au-dessous.
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