Urgence écologique, expérience individuelle, choix de vie et d’habitat ont poussé la créatrice Myriam Poupard à sauter le pas vers l’entrepreneuriat pour se mettre au service du vivant. Fille d’agriculteurs, la nature est depuis toujours son terrain de jeux, de joies et de bien-être. C’est donc logiquement que l’envie de la protéger s’est imposée à elle comme une nécessité et un juste retour des choses.
Un cheminement avec et pour le vivant
Adolescente, elle découvre le film » Danse avec les loups » ; une vraie révélation sur l’équilibre harmonieux et fragile du vivant qui la porte toujours aujourd’hui. Son BTS Tourisme en poche, elle exerce ensuite ses compétences notamment au Château et au Parc Botanique de Neuvic pendant 20 ans.
Guide et animatrice du patrimoine bâti et végétal, elle forge une expérience auprès des pépiniéristes partenaires des « Journées des plantes » dont elle est l’organisatrice. Dans ce cadre, elle développe des espaces de sensibilisation sur l’Écohabitat, les techniques au service de la nature ainsi que des conférences sur la permaculture, la santé et la fertilisation naturelle des sols, les purins de plantes, les cultures en lasagnes, la reconnaissance des plantes sauvages comestibles et un parcours ludique de sensibilisation à la faune et la flore pour les plus jeunes. L’envie que l’humain retrouve sa place dans le cycle du vivant la conduit à faire également des choix en matière d’habitat avec la construction en paille de sa maison il y a une dizaine d’années et d’y inclure une phytoépuration et des toilettes sèches. Réalisé en auto-construction, ce projet sera une source de découverte de techniques telles que la réalisation des enduits terre et chaux, de peintures à l’ocre et du travail du bois.
Lire l’article : Myriam, dix ans déjà !
Sauter le pas pour une transition individuelle et collective
En 2021, entre prise de conscience, désir d’apporter sa petite goutte de colibri et trouver du sens, Myriam décide de bousculer sa zone de confort. Elle s’appuie sur la formation « piloter sa transition ou l’art du passage » proposée par « L’École Pratique de la Nature et des Savoirs » (cofondée par Edgar Morin) et animée par Éric Julien, fervent défenseur des peuples premiers et en particulier des indiens Kogis avec lesquels il entretient une amitié profonde depuis de nombreuses années. Le lieu de formation est tout aussi inspirant et porteur de sens car c’est au sein de la Ferme Agroécologique des Amanins dans la Drôme (ferme Pierre Rabhi), que les stagiaires entament une réflexion profonde autour des constats intimes, sociétaux et écologiques et sur les choses à mettre en place individuellement et collectivement pour revenir à plus d’équilibre. Répondant à son appel du » Faire avec ce que l’on a » et dans le souci de valoriser des ressources locales, Myriam se forme ensuite à la création d’objets et de structures en bambou. C’est sur la base de longues discussions avec une amie s’inspirant de la technique de l’Ikigaï, qu’il apparaît comme une évidence que le fil conducteur de son action sera celui de la protection de l’eau et des sols. En 2022, une formation de guide composteur puis de maître composteur avec l’association « Au Ras du Sol » la confortent dans cette voie essentielle à la vie de tous. Lire l’article : Au Ras du sol, la vie à nos pieds.
La promotion et la fabrication de toilettes sèches
Myriam part du principe que la nature ne produit pas de déchets et qu’il est temps d’arrêter de faire contre et de faire avec pour le bien de tous. Les toilettes sèches s’inscrivent dans ce cercle vertueux de la préservation de l’eau et plus spécifiquement de l’eau potable (la consommation approximative moyenne des chasses d’eau en France est de 27 litres par jour et par personne). L’autre avantage concerne le déséquilibre écologique induit par nos eaux usées (eutrophisation) car les nutriments contenus dans l’urine (azote, phosphore, potassium…) sont utiles dans les sols mais empoisonnent le milieu aquatique. « Nos déjections sont encore taboues dans nos sociétés alors qu’on n’hésite pas à répandre du fumier animal dans nos jardins. Les toilettes sèches ne sont pas un retour en arrière, c’est un retour à l’équilibre et oui notre « lune » peut aussi enrichir la terre » précise Myriam, qui a choisi ce nom poétique pour que toutes ces richesses ne partent plus dans nos égouts.
À l’intérieur ou à l’extérieur de l’habitat, Myriam propose une fabrication personnalisée avec des matériaux sains, locaux ou de récupération comme pour la commande de toilettes poétiques réalisées en pin, châtaignier, bambou, ocres et pigments de Roussillon, chutes de carrelages, vitraux et dessins pour une famille sur la commune de Jaure. Nichée sous les chênes, cette réalisation apporte une touche de charme supplémentaire au jardin jouxtant la maison en bois. Un autre projet est en route dans le Blayais près d’une piscine.
L’interview de Myriam en podcast
L’accompagnement aux pratiques de compostage
Trouver des solutions adaptées à votre mode de vie ou à une collectivité, transmettre les bonnes pratiques dans la simplicité et le respect du vivant, considérer la matière organique non comme un déchet mais comme une ressource, telle est la mission de cette entreprise. Restes de cuisine et alimentaires, végétaux, excrétas de toilettes sèches mélangés avec des matières carbonées, se transforment ainsi en amendement pour les sols. Le compostage limite la pollution engendrée par le transport, l’enfouissement ou l’incinération de ces matières (30% de nos sacs noirs sont remplis de matières compostables). Appliqué en paillage, il protège le sol de l’érosion, retient l’eau en surface (où se trouvent les racines des plantes) et limite l’évaporation. Dans ce cadre, Myriam accompagne une réflexion sur la mise en place de composteur collectif avec la commune de Chantérac afin de répondre à la future réglementation qui rendra cette pratique obligatoire en 2024. Lire l’article : Les dynamiques du compost.
Les vertus du bambou
Disponible dans nos régions, ce matériau souvent décrié présente pourtant d’énormes qualités. Il capte 30% de plus de CO2 que nos arbres feuillus et rejette donc 30% d’oxygène en plus dans l’atmosphère. Son cycle de renouvellement extrêmement court, de 3 à 7 ans contre 40 pour le pin, en fait une solution d’avenir pour limiter les méfaits mondiaux de la déforestation. Ses jeunes pousses sont comestibles, ses feuilles convertibles en fourrage, ses cannes utilisables dans l’artisanat, l’industrie (vélos, mobilier, textile, pâte à papier, vannerie…) et la construction. Il restaure les sols appauvris et les dépollue, en plus de limiter leur érosion. Il est 6 fois plus résistant que l’acier à l’étirement, 30% plus dur que le chêne tout en étant plus léger et plus flexible. Toutes ces qualités en font un matériau idéal pour la fabrication d’objets et de petit mobilier esthétique comme les flex yourtes réalisées par Myriam et destinées aux enfants. Deux anecdotes confirment la résistance du bambou : il a survécu aux bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki et en 1882, Thomas Edison l’a utilisé pour les filaments de ses ampoules électriques.
Alors envie de rentrer dans un cercle vertueux ? » De la Lune à la Terre » peut vous accompagner dans votre projet.
Mary BERNET