Qui sait que sur les hauteurs de Périgueux, au centre Madeleine Delbrêl, se trouve depuis 2014 un conservatoire d’art sacré ? Le congrès annuel des conservateurs dédiés qui s’est tenu dans la ville il y a deux ans a contribué à le faire savoir. Serge Larue-Charlus, responsable de la structure, a conduit une visite pour le club de la presse du Périgord.
Accessible dans des conditions restreintes — un musée, sur la base du bénévolat, serait condamné, comme beaucoup ont d’ailleurs fermé — dans les sous-sols de cet immeuble de 1930, il est aménagé dans un local impénétrable offrant les conditions de conservation idéales (régulation hygrométrique, filtration, température…), après passage trois semaines en laboratoire de décontamination. 25 % des mille pièces déposées appartiennent aux communes, et des particuliers confient également des objets.
Un suaire et des Saints
L’abbé Nicolas s’est investi pour sa réalisation avec un conseil scientifique associant la Drac, le Maap, mais aussi la proche médiathèque, les Archives départementales, la Socra… Toutes les pièces sont photographiées, des contacts avec les universités permettent de retracer leur histoire. Certaines partent dans le cadre d’expositions, l’une d’elle consacrée à Viollet-le-Duc tout récemment à Carcassonne, par exemple.
Même si c’est un célèbre faux, s’il n’a pas servi à envelopper le visage du Christ, le suaire de Cadouin reste une pièce remarquable. La pièce de tissu de 295 X 135 avait été mise à l’abri lors de l’inventaire des biens de l’Église en 1905 pour faire un retour à Cadouin après la Grande Guerre. Inspecté par un conservateur du Louvre, le suaire n’a finalement pas pu être prêté pour l’exposition Arts de l’Islam orchestrée par le musée en raison des conditions de transport (caisson autorégulé trop onéreux).