Initiée par un cultivateur et transformateur de chanvre, elle s’intéresse plus particulièrement à sa déclinaison textile. Dès lors, elle n’aura de cesse d’en apprendre davantage sur tous les débouchés possibles, et lors de son retour en Dordogne, elle s’engage avec détermination dans la réhabilitation de ce végétal, connu depuis 9000 ans, dont les fibres textiles étaient utilisées il y a près de 3000 ans, et qui a disparu dans les années 30, concurrencé par le coton et le nylon.
Une plante 100% écologique et multi-débouchés
Semé en mai, le chanvre se récolte au mois de septembre. Ne nécessitant aucun intrant (pesticides, fongicides ou insecticides), la Cannabis sativa L. s’avère précieuse puisqu’elle est reconnue pour avoir une action améliorante sur la qualité des sols et la biodiversité.
Particulièrement résistante et rustique, elle nécessite peu d’eau et s’avère adaptée au changement climatique. Tout est bon dans le chanvre : la fibre peut être déclinée en pâte à papier, en textile ou en cordages. La partie dure de la chèvenotte permet de fabriquer des parpaings en chanvre et chaux qui se montrent aussi résistants que le béton ; on peut également l’utiliser comme isolant thermique et acoustique. La graine se retrouve dans les produits d’alimentation et de cosmétiques du fait des propriétés de son huile. Enfin, ses principes actifs ouvrent le champ des possibles en matière thérapeutique.
Favoriser une production textile locale et authentique
Convaincue de l’intérêt écologique de la fibre textile issue du chanvre (tissu thermorégulateur, antiallergique, anti bactérien, protégeant des UV), Danielle Charenton se bat depuis dnombreuses années pour réhabiliter la culture du chanvre en Dordogne, à l’instar de Vincent Lartizien, ancien surfer professionnel qui a créé la marque de tee-shirts Nunti Sunya dans les Landes ou de Thierry Bonhomme, créateur de Couleur Chanvre à St Jean de Luz.
Une matière dont elle aime le côté « rebelle » qui lui donne du fil à retordre, mais qu’elle veut promouvoir, pour créer une « filière de fabrication d’un tissu local sain », en y associant des agriculteurs périgourdins qui lui donneront « une garantie d’authenticité ». L’exploitation du chanvre peut aussi constituer pour bon nombre d’entre eux, une possibilité de reconversion face à une culture du tabac en décroissance constante. Un projet ambitieux qui nécessite de trouver des financements.
Une filière autonome et porteuse
Sylvie Chevalier, conseillère départementale et présidente du comité de tourisme est à l’initiative de la création d’un groupe de travail, qui œuvre depuis l’automne 2020 pour trouver des partenariats, des financements, afin de mettre en place et développer une filière du chanvre, intervenant à toutes les étapes, du cultivateur au transformateur, vers toutes les utilisations possibles du végétal.
Concernant l’exploitation textile, il est indispensable d’acquérir une défibreuse, machine permettant de séparer les fibres du reste de la tige. Danielle a pris contact avec Pierre Amadieu, qui a testé depuis plus de vingt ans différents prototypes. Il propose depuis quelques mois, une ligne de défibrage qui permettra à terme de produire notamment des fibres longues de qualité textile. Cette machine innovante dont le coût est de 300 000 €, associée au développement de la filière, constituerait un formidable espoir pour nos territoires, au regard des secteurs d’activités promis à une expansion d’envergure : textile, construction, isolation alimentation, santé, cosmétique. Un beau projet pour lequel Danielle continuera assurément de se mobiliser.
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Deux variétés sont issues de la Cannabis sativa L. : le chanvre et le cannabis.
Le premier regroupe les usages industriels de la plante (textile, écoconstruction, papier…) ; il contient moins de 0,3% de THC (substance active Tétrahydrocannabinol). Son exploitation est strictement règlementée et les variétés figurent sur une liste règlementaire.
Le second concerne les usages récréatifs et thérapeutiques de la plante. Il présente entre 5 et 20% de THC.