L’aménagement a été mis en avant lors de la journée Jardins et Paysages, proposée ce printemps par le Département. La maire de Coulaures, Corinne Ducrocq, rappelait le travail effectué en synergie avec l’ATD, le Département et le maître d’œuvre pour la réussite de la requalification de la cour d’école primaire : le bitume a laissé place aux espaces verts et aux sols vivants. « Ce projet municipal va de pair avec la cantine locale, dans le même esprit » car l’école a été labellisée l’an passé en démarche de développement durable. Et pour aller plus loin dans ce qui réunit cet espace d’acquisitions essentiel et le bourg, des composteurs y sont installés pour une pédagogie partagée entre les petits et des grands.
Support ludique et pédagogique
C’est à Marine Vigier, paysagiste Dplg, qu’a été confiée la mission de reconfigurer cet espace d’apprentissage des savoirs. Elle en a fait un théâtre de vie plus lumineux, un support ludique et pédagogique. « Je garde le souvenir de mes cours d’école, espace décisif de construction pour l’adulte qu’on sera. » Aussi, la conceptrice a laissé libre cours à son âme d’enfant, elle dit s’être éclatée pour dessiner cette cour comme si elle devait y passer ses récréations — et le mot retrouve ici tout son sens. Autour de quatre arbres déjà présents, des fruitiers et carrés potagers ont poussé, le sombre goudron a reflué pour laisser monter une vague colorée propice aux bienfaits de l’imaginaire.
Un sacré terrain de jeux
« Cette cour entourée de bâtiments, espace restreint de 750 m2, était une étuve au grand soleil. » Pour le confort de tous, et d’abord des enfants, elle a été désimperméabilisée à 100 %. Un choix vertueux particulièrement perceptible lors des chaudes journées, avec le confort des ombrages. La connexion au vivant n’est pas le moindre atout de cette réalisation, avec un système de récupération d’eau de pluie, et 30 % de végétalisation avec des répartitions en massifs, plantes vivaces et aromatiques, de nature à rythmer les saisons…
Une vieille pompe manuelle apporte une touche de réemploi en devenant machine à eau. Un revêtement minéral perméable et des pavages fabriqués à Saint-Pierre-d’Eyraud structurent la circulation dans la cour. La surface de jeux pour les enfants a finalement augmenté dans ce nouveau paysage où des oiseaux en résine thermocollée volent sur le sol, devenu miroir du ciel, et où le vannier corrézien Olivier Ton (Osier etc.) a donné vie à une baleine sur une colonne vertébrale métallique. Les enfants l’ont définitivement adoptée, tout comme le mur d’escalade horizontale aux marches de bois sous le préau.
Une aide de l’Agence de l’eau Adour-Garonne a permis un effet levier pour environ 60 000 euros, moyens bienvenus pour soutenir le choix de permettre à des artisans et PME locales d’exercer leur cœur de métier. Le chantier s’est déroulé en site inoccupé durant l’été 2023, puis aux vacances d’automne, d’hiver et de printemps.
Parcours sans faute (de goût)
Lorsqu’elle rejoint le bureau d’étude au Pôle Paysage et Espaces Verts du Département en contrat d’alternance dans le cadre de ses études, Marine Vigier ne se doute pas qu’elle interviendra bien plus tard lors d’une Journée organisée par ce service pour témoigner d’un aménagement exemplaire qu’elle a réalisé. Juste retour sur son parcours, qui l’a conduite à l’École d’architecture et du paysage de Bordeaux (2006-11) et sur de nombreuses réalisations confiées à la professionnelle reconnue qu’elle est devenue. Son projet Delirium tremens a été lauréat du concours 2012 des fameux Jardins Ephémères de Chaumont sur Loire sur le thème “Jardins des délices, jardins des délires”, pile un an après avoir créé son agence de conception et expertise en paysage.
On peut lire dans la présentation de son parcours : « Ma démarche a pour ambition de faire du paysage un vecteur de réflexion pour la construction d’espaces communs. Mon approche sensible me pousse à considérer avant tout les potentialités d’un site pour les révéler, guidée par un parti-pris de projet issu d’une lecture paysagère fine. Ce diagnostic permet la recherche de continuités paysagères qui ancrent les projets dans leur territoire. Un dialogue permanent entre échelles locale et territoriale est à mes yeux nécessaire pour pérenniser les aménagements ; et le travail sur l’espace public en est une des clefs… J’aime étudier l’histoire des lieux pour réinterpréter des usages, réinventer les espaces. »
Membre de la Fédération Française du Paysage, administrateur des Maisons Paysannes de France (délégation Dordogne-Périgord), membre suppléante à la Commission des Site de la Dordogne en qualité de paysagiste, Marine Vigier signe de nombreuses conceptions d’espaces publics et privés en Dordogne.