Au sud de Bergerac, la façade imposante de pierres blanches et le toit asymétrique en poivrière du château de Monbazillac font toujours de l’effet aux visiteurs. Dans son écrin de rangs de vignes, sur le coteau nord en contrebas de la rivière Dordogne, il offre un panorama à couper le souffle.

C’est ce paysage tourné par un drone à plusieurs moments de la journée, et de l’année, projeté sur grands écrans, qui capte le regard dès le début de la visite de la première exposition “un noble vin”, une fois l’accueil passé. « Ce nouvel espace muséographique de 300 m2 est conçu comme un espace immersif, avec l’utilisation du mapping et autres vidéos, de capsules sonores, et de la modélisation », explique Pauline Auban, responsable œnotouristique du site. Fruit d’un subtil équilibre entre chaleur et eau, l’ensemble du processus de la production du fameux nectar est détaillé.
Vendanges tardives

Une fois les grains de raisin arrivés à surmaturité, concentrant les sucres et les arômes, c’est l’heure des vendanges, dites tardives, en octobre-novembre, à la main, illustrées par l’image caractéristique de la poussière provoquée par la pourriture noble qui se dégage du versement des paniers de grappes dorées dans le camion-remorque.
Le maître de chai présente, par écrans interposés, les différentes étapes de vinification. Après le pressage, le moult est filtré puis élevé en cuve ou en barrique.
« L’offre s’adapte à tous, amateurs ou connaisseurs, tout est pensé pour associer la vigne à un bon moment. Les vignerons de la coopératives partagent leur technique de taille mais aussi leurs techniques environnementales pour protéger la biodiversité sur leurs parcelles », appuie Pauline Auban.
Un héritage à faire vivre

L’histoire, jamais loin, s’invite en fin de ce premier parcours. Nous sommes en 1960, lorsque les adhérents à la coopératives, créée en 1940 peu après la reconnaissance de l’AOC (1936), ont le choix de devenir propriétaire du château de Monbazillac. Autour d’une table formant un demi cercle, quatre visiteurs sont invités à prendre l’un des sièges de l’AG et de choisir quatre arguments en faveur, ou non, de l’achat.
« Une acquisition inédite dans le domaine du vin, qui participe à la renommée du monbazillac, explique Pauline Auban. Ce sont les vignerons les plus modestes, qui, en se mettant en commun, s’achètent la plus belle des vitrines. » Ils sont aujourd’hui 48 à faire vivre cet héritage, riche d’histoire… à faire vivre.
Datant du XVIe siècle, le château de Monbazillac a traversé les guerres de Religion et la Révolution sans le moindre dommage. Ces deux épisodes mouvementés font l’objet de deux expositions distinctes au sein de l’édifice. La première, “Monbazillac, au cœur des révoltes protestantes”, se décline en deux salles qui suivent une chronologie, l’une est consacrée aux débuts de la Réforme en Périgord, l’autre se concentre sur les conséquences du commerce huguenot et ses bienfaits pour l’essor économique bergeracois.
Le Monbazillac des Bacalan

On fait un bond dans le temps pour la seconde exposition “La révolution des Bacalan”, famille qui a occupé le château pendant la plus longue période de son histoire (de 1749 à 1928). Grâce à une scénographie originale, nous nous retrouvons au cœur de la vie de cette famille à une date charnière, le 28 août 1791, deux mois après l’arrestation du roi. Invités d’abord à leur table, nous en apprenons plus sur les craintes et les espoirs de chacun de ses membres au fur et à mesure de notre progression : la salle à manger donc, le bureau et la galerie des portraits, puis le premier étage où se situent la chambre de la comtesse et le salon.

La dernière salle de l’étage, consacrée à l’art contemporain, offre un tout autre univers à cette ambiance feutrée et intimiste. Les enfants disposent quant à eux d’un endroit stratégique : la cave voûtée du château. Mélange entre kermesse et fête foraine, le parcours ludique permet aux 6-12 ans de devenir incollables sur la culture de la vigne : du travail du sol, jusqu’à la mise en bouteille. L’étiquette personnalisée qu’ils auront réalisée pourra être collée sur une bouteille de jus de raisin, en vente dans la boutique… Le rendez-vous incontournable pour clore la visite, en emportant des souvenirs à la saveur sucrée et à la couleur ambrée !
L’œnotourisme dans l’ADN du château

La coopérative a investi deux millions d’euros pour améliorer l’accueil du public et moderniser l’expérience de visite. Commencés en 2017, les travaux ont nécessité huit mois de fermeture, d’octobre 2021 à juin 2022. En plus de la création d’espace muséographique de 300 m2 à l’entrée du site, l’ensemble du parcours de visite a été repensé, avec de nouvelles scénographies incluant des installations sonores et visuelles.
Un QR code permet l’accès à un audio-guide, avec des traductions en plusieurs langues pour s’adapter aux 35 % de visiteurs étrangers. Le château reçoit 60 000 visiteurs par an. Le ticket d’entrée est passé de 7,80 à 11,75 euros pour un adulte, mais il comprend, en plus de la visite complète, la dégustation d’un vin de son choix (compter 17,50 euros pour la dégustation commentée de trois vins).
Rendez-vous du 19 avril au 4 mai
Pour sa troisième participation à Châteaux en fête, Monbazillac offre une multitude d’activités pour toute la famille, alliant culture, histoire et plaisir des sens !
• Jeu de piste pour les enfants. Il s’agit de retrouver le trésor perdu en répondant aux questions tout au long du parcours. Une surprise chocolatée attend ceux qui résolvent l’énigme finale (livret jeu sur demande à retirer à l’accueil du château, sans réservation préalable, inclus dans le tarif d’entrée, tous les jours).
• Dégustation à l’aveugle pour les amateurs de vins. Découverte ludique et insolite pour plonger au cœur des arômes de trois vins, éveil des sens pour découvrir lequel se cache dans son verre (parcours Monbalicieux, réservation conseillée au 05 53 61 52 52, inclus dans le tarif d’entrée, tous les jours à 16h30).
• Démonstration et invitation à la danse Renaissance (27 avril, pour petits et grands). Vous avez toujours rêvé d’assister à un bal à la cour de François Ier ? Ce voyage dans le temps offre démonstrations et initiations aux débutants (dimanche 27 avril à 14h30 et 16h, possibilité de venir costumé, sans réservation préalable, inclus dans le prix d’entrée).
• Visite contée pour toute la famille (20 et 21 avril puis 2 et 3 mai). Marguerite de Bacalan accueille dans son château et guide le public dans sa demeure, pour découvrir son histoire grâce à une immersion au cœur du XVIIIe siècle (réservation conseillée au 05 53 61 52 52, nombre de places limité, inclus dans le prix d’entrée, les 20 et 21 avril et 2 et 3 mai à 15h.)
Nouvelle exposition avec Les rives de l’art (jusqu’au 15 juin)
Au printemps, le Château célèbre la nature à travers le regard des artistes, pour une parenthèse poétique avec leurs œuvres.
Frédérique Bretin, photographe installée en Dordogne, dévoile sa série Territoires refuges, immersion dans la beauté brute des paysages sauvages. À travers ses clichés, elle invite à réfléchir sur notre lien avec la nature et la manière dont ces espaces préservés deviennent des refuges pour la biodiversité et pour l’imaginaire.
Avec Les Papillons, Bertrand Gadenne propose une installation immersive où illusion et perception se mêlent. Spécialiste des projections lumineuses, l’artiste met en scène des papillons aux mouvements délicats et éphémères, suspendus dans le temps. En jouant sur la lumière et l’image, il invite le spectateur à une contemplation intime, brouillant la frontière entre réel et imaginaire pour interroger notre rapport au vivant et à la fugacité du monde.