Une relance de la filière chanvre s’est engagée il y a une dizaine d’année, cette plante étant historiquement présente dans le département, en particulier dans la vallée de la Dordogne. Autour d’ID Chanvre, la mobilisation n’a pas abouti. Plus que la maîtrise des parcours techniques agricoles, c’est la fermeture de l’unité de défibrage en Tarn-et-Garonne qui a amoindri les efforts locaux.
Pourtant, cette plante aux vertus agronomiques s’inscrit pleinement dans la stratégie agricole départementale : peu gourmande en eau, elle ne nécessite pas d’intrant, ni herbicide ni pesticide. Comestible, facilement cultivable en bio, elle peut intégrer le dispositif des cantines 100 % fait maison, bio, local et de saison des collèges porté par le Département. Cette matière est aussi indiquée pour apporter un confort thermique et un air intérieur sain dans des rénovations ou des constructions neuves. Les professionnels du bâtiment reconnaissent les qualités mécaniques, thermiques, phoniques, aseptisantes de ce matériau biosourcé.
Divers usages et marchés
Cette plante, économique et bénéfique, peut offrir une rémunération complémentaire aux agriculteurs et permettre aux acteurs de l’alimentation de proposer une nouvelle gamme de produits, pour diversifier l’offre en protéine végétale. Les fabricants de cosmétiques trouvent la possibilité de compléter leur gamme de soin naturel.
Du fait de ces enjeux agronomiques, écologiques, économiques et sanitaires, le Conseil départemental a répondu à un appel à projet de la Région Nouvelle-Aquitaine destiné à faire émerger des groupes opérationnels dans le cadre de l’Innovation pour la productivité et le développement durable de l’agriculture (PEI-AGRI).
L’association Chanvre Nouvelle-Aquitaine apporte un accompagnement pour adapter le projet au contexte local et faire émerger ce groupe opérationnel pour passer à l’action concrète (production agricole, marché alimentaire, marché du bâtiment).
La chanvrière Dordogne-Périgord
Localement, l’association La chanvrière Dordogne-Périgord* s’attache à construire une micro filière de production et transformation du chanvre graine-paille (à distinguer du chanvre textile et du chanvre CBD), surtout dirigé vers le bâtiment et l’alimentation ; l’idée étant que la production soit transformée et commercialisée via l’association.
Avant les premiers semis des parcelles expérimentales, cette chanvrière entend impliquer dès le départ les producteurs intéressés. Quatre parcelles d’environ 1 ha chacune ont été mises en culture. Sept producteurs installés en Grand Bergeracois, en production bio ou pas, sont regroupés dans l’association. À terme, un ou plusieurs bassins de production d’un périmètre de 20 à 50 km seront identifiés pour implanter des lieux de stockage tampon avant transport des récoltes vers une unité de défibrage de la paille. Chaque acteur sera rémunéré en fonction de son implication dans le projet production/transformation.
*Accompagnée par le Département (qui a attribué une subvention de 12 700 euros), la Chambre d’agriculture, la fédération départementale des CUMA, elle est présidée par Stéphane Daridan (Villefranche-de-Lonchat) et bénéficie de l’expertise d’Hubert Rinaldi, fondateur de Chanvre Mellois et membre de l’association Chanvre Nouvelle Aquitaine.
Lire aussi : Une filière locale de CBD
L’agenda des étapes
• 21 septembre 2023 : journée de lancement à Siorac-de-Ribérac
• Novembre-décembre 2023 : ateliers thématiques définissant le plan d’actions
• 9 janvier 2024 : journée d’information auprès des agriculteurs à Eymet
• Février et mars 2024 : deux journées de formation technique auprès des agriculteurs désireux de se lancer dans la production
• Mai 2024 : création de l’association La chanvrière Dordogne-Périgord
• Mai 2024 : semis de quatre parcelles expérimentales.