Accueil BIEN aimé C’est beau, c’est Biaussat

C’est beau, c’est Biaussat

© Raymond Biaussat
FLAMBOYANT. Cette rétrospective est un événement : Raymond Biaussat fut assez peu exposé dans son Périgord natal alors que son talent bénéficie d'une notoriété bien au-delà, au Japon notamment. La galerie BIM'Art rend hommage à cet artiste disparu en 2021.

La galerie BIM’Art (château de Saint-Laurent-sur-Manoire) propose du 8 au 23 juin une rétrospective de l’œuvre de Raymond Biaussat, reconnu parmi les grands peintres figuratifs de sa génération, imagier sensible d’une poésie amoureuse rapprochant les êtres sous le doux sortilège de la nature. L’artiste vernois a fait carrière à Paris, où il était représenté par la réputée galerie Minet, place Beauvau, avant de revenir en Dordogne en 1992. Il a définitivement éteint ses lumières sur ce monde qui l’a tant inspiré en mai 2021, à 89 ans, à Périgueux.

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École du Louvre et Avenir du Périgord

Après avoir étudié l’histoire de l’art dans la capitale, son cursus à l’École du Louvre confirmant un réel talent, il devient éducateur artistique pour transmettre sa passion, son inspiration et ses techniques. Sans jamais cesser de nourrir son propre univers dans ses toiles. C’est grâce à la fondation pour L’Avenir du Périgord créée par l’homme d’affaires périgourdin Sylvain Floirat que ses œuvres sont vues à Paris, parce que les galeries s’intéressent à ce lauréat de la bourse des arts et des lettres. Le peintre discret, soutenu et accompagné par son épouse Odile au fil de sa carrière, a dès lors la cote. Au titre de sa production personnelle, qui lui vaut de nombreux prix, Raymond Biaussat est sociétaire des principaux salons parisiens : Automne, Beaux-Arts, Artistes français, Dessin et peinture à l’eau, Peintres témoins de leur temps…

Lumière intérieure

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L’ombre portée de la cécité est l’un des pires maux pour un artiste et cette menace a pesé sur ce fervent admirateur des beautés de la nature, qu’il a contemplée assidument pour imaginer ses femmes fleurs et bustes minéraux, astres posés sur un baiser. Plus douloureuse encore fut l’obscurité croissante pour celui dont les yeux illuminaient chaque visage représenté, ses regards éclairés de l’intérieur éblouissant une œuvre abondante, évaluée à un millier de toiles.

Les rêveries fantastiques faites œuvres de Biaussat fusionnent le vivant, l’humain et le végétal dans des horizons insoupçonnés, comme autant d’hybridations qui nous unissent indissociablement à cet environnement avec lequel, plus que jamais, nous formons un tout à protéger.

Les Périgourdins peuvent admirer, dans l’église de sa ville natale de Vergt, huit tableaux retraçant La vie de Jésus, un Saint-François d’Assise et Une infinie tendresse veillant sur les font-baptismaux.

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Foi en ce qu’il faisait

Lors du vernissage samedi 8 juin, son fils Alban a insisté sur l’événement que représente cette exposition, son père ayant été peu exposé en Dordogne. « Nous en discutions lui et moi depuis une vingtaine d’années, l’intérêt d’une rétrospective n’a pas seulement valeur d’archive, c’est pour comprendre une trajectoire, reconstituer les liens d’influence ; donner un sens. » 70 pièces sont remarquablement mises en valeur à Bim’Art, et on y observe depuis les premières peintures sur des sacs de toile de 1958, l’évolution des visages et de la signature, à travers Venise ou la nature personnifiée.

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L’idée de concevoir une exposition échappait à cette génération qui s’en remettait à une galerie pour cela. Alban Biaussat a pu organiser cet hommage en lien avec l’équipe de Bim’Art en attendant de classer les nombreuses archives en sa possession, un fond documentaire à explorer, riche de lettres pour expliquer et de témoignages. La cohérence est le maître mot de son parcours. « L’art s’est imposé à lui, il a conduit une recherche permanente, intérieure. Son sujet, c’était l’imaginaire. » Ce qui l’a sauvé lorsque ses sens se sont affaiblis, les dix dernières années : replié dans sa bulle, perdant l’ouïe et surtout la vue, autant dire la vie, « son rapport au monde ».