Comme un coup de poing. Annick a reçu l’annonce de sa maladie dans une absence de symptômes qui en augmente la violence. C’était en septembre 2019, et tout est allé très vite : ce cancer de l’endomètre appelait une hystérectomie totale, réalisée en octobre, et « un grand chelem chimio et radiothérapie, et curiethérapie pour cautériser « .
Lorsqu’elle débute les séances de chimiothérapie, en décembre 2019, le médecin oncologue remet à Annick un livret dans lequel une page attire son attention : avec la Cami sport & cancer, une pratique ciblée permet au malade d’être plus réceptif aux traitements, ce qui diminue le taux de récidive et augmente donc les chances de survie *. « Quand on lit ça, on n’hésite pas, il faut le tenter ! »
Une sportive de haut niveau
Le tempérament fonceur d’Annick la place sur la ligne de départ de sa première séance de Médiété® dès le 13 janvier 2020. Mais la crise Covid vient rompre cette dynamique et la relation de partage amorcée avec les autres participants. « Ça m’a vraiment manqué. » Annick reprend son travail en novembre, en mi-temps thérapeutique, et ressent le besoin d’assister à ses séances de sport deux à trois fois par semaine, « alors que ce n’était pas une priorité avant ». Elle parvient ainsi à composer avec des sensations de perte d’équilibre et à soulager ses « muscles qui ont souffert de l’intervention, même pratiquée par cœlioscopie ».
En mai 2021, elle retravaille à temps plein et poursuit sa pratique sportive à l’Asptt, à Périgueux. C’est là qu’elle parle de la Cami à Julia Paduch, praticienne en thérapie sportive, diplômée en sport adapté, curieuse d’actualiser et faire évoluer ses connaissances, intéressée par l’oncologie (DU sport et cancer), ouverte à d’autres pratiques sportives avec l’envie de faire toujours mieux. Perfectionniste et rigoureuse : le profil idéal pour les deux mondes parallèles qu’elle côtoie, celui de la compétition (elle pratique le semi-marathon et le cross country) et le monde de la santé. « C’est mon chemin », il passe par la danse classique, sport étude, le monde du handisport, partout où le mental fait la différence et permet de se dépasser, où l’on cultive des valeurs d’entraide et de solidarité. De quoi se sentir très concernée par les Jeux Paralympiques qui ont passionné la France et le monde cette rentrée. La jeune femme a rejoint la Cami fin 2022 et se passionne pour sa mission, elle y cultive la polyvalence et le contact en animant deux à quatre séances par jour, et en assurant l’administration des séances Cami en Dordogne.
Témoigner et informer
Annick a pris sa retraite en septembre 2022 mais n’a pas manqué sa rentrée à la Cami, et reste assidue depuis. Elle témoigne volontiers, explique l’organisation du parcours et ce qu’il lui a apporté. « Pour moi, cela fait partie du processus de guérison. Les cours de Médiété® sont gratuits dans le cadre du parcours médical, avec une consultation initiale pour fixer les objectifs thérapeutiques et des points d’étape sur l’évolution enregistrée durant le traitement. J’essaie de rester focus sur ce que je fais durant la séance, c’est un moment de recentrage, pour s’approprier son corps. »
Le sport se décline en prévention primaire, pour l’hygiène de vie, pour diminuer les troubles musculo-squelettiques ; et secondaire, pendant un cancer, pour éviter la récidive et adoucir les effets secondaires, maux aux mains et pieds, fonte musculaire.
En rémission, Annick arrive à oublier la maladie, « j’ai cette faculté, c’est mon caractère ». Elle reste fidèle à cette pratique sportive après l’amélioration constante ressentie en passant les caps difficiles, elle a gagné en fluidité et en souplesse, une progression qui motive forcément. « Julia veille aux postures, évite les erreurs, adapte à chaque cas. » L’endurance retrouvée permet à Annick de pratiquer aussi la randonnée.
En toute sécurité
Au travail musculaire s’ajoute celui imprimé sur le mental, essentiel. « Je me suis sentie tirée vers le haut, j’ai retrouvé de la tonicité : je suis certaine que mon parcours de traitement aurait été bien différent sans cela. » Julia Paduch confirme que dans ce cas, « ce n’est pas un loisir, il faut un engagement fort, je suis là pour soutenir l’assiduité et aider à surmonter la fatigue, pour stimuler a minima sur trois mois de programme ». 38 inscrits suivent les séances, dont 10 sur les séances tout public, hors circuit de soins. À Périgueux, une salle est dédiée à cette pratique à l’hôpital privé Francheville et des séances ont aussi lieu à La Filature. « Je m’attache à assurer une visibilité au-delà du milieu médical pour intégrer tous les publics. » Des séances tout public sont ouvertes deux fois par semaine, en mixité. Car c’est une pratique à découvrir pour d’autres raisons, pour gagner en assurance, en bien-être.
* Dans le cadre d’Article 51, la Cami expérimente avec l’Assurance maladie et l’hôpital privé Francheville, l’un des 15 établissements français intégrés à cette étude sur trois ans, la prise en charge de ces programmes au niveau national.
Médiété® ?
Cette discipline a été créée il y a 25 ans par Thierry Bouillet (oncologue) et Jean-Marc Descotes (karatéka de haut niveau, directeur actuel de l’association). Elle contribue au renforcement musculaire et à une meilleure mobilité grâce à des étirements : travail sur la posture, proprioception, tonicité musculaire, mobilité articulaire… En détaillant les mouvements, on apprend des choses sur soi. La Cami, association née il y a 24 ans au niveau national, promeut le Médiété® et ses bienfaits : 3500 patients pratiquent cette discipline en France en 2024, dans 32 départements et 80 lieux de soins. Les séances d’une heure sont encadrées par un professionnel.