Briser les chaînes du silence pour libérer la parole

Depuis 2020, les bénévoles n’ont pas chômé et ont multiplié les démarches et les formations pour poser les fondations de l’association, et nouer des partenariats indispensables pour intervenir à la fois auprès des victimes, mais également faire de la prévention.

Travailler en réseau

Avec trois autres membres de l’association, Alix a été formée à l’accueil et l’écoute des victimes et aux spécificités des caractéristiques des agressions sexuelles. Auprès du Centre de ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (CRIAVS), les quatre bénévoles ont rencontré des professionnels intervenant auprès d’auteurs condamnés pour violences sexuelles.

Une démarche importante pour comprendre que la lutte contre ce type de violences passe également par la prévention à l’égard de potentiels prédateurs sexuels, et cela dès l’adolescence.

« De nombreuses études ont montré que l’attirance sexuelle pour les enfants est ressentie très tôt, justifie Alex. Difficile de se confier ; le plus souvent, la personne reste seule avec ce poids jusqu’au passage à l’acte. Ce n’est pas une fatalité, poursuit Alix. J’ai rencontré des pédophiles abstinents repentis qui, au au bout de plusieurs années d’accompagnement évoluent et changent ».

D’où l’importance de travailler aussi en amont, en sensibilisant et en encourageant des personnes ressentant ce type d’attirance, à en parler à des professionnels pour se faire aider. « C’est ainsi que l’une de nos premières actions a consisté en 2020 et 2021, à distribuer des cartes du CRIAVS dans les mairies, les salles d’attente, précise Alex ». D’autres partenariats ont été engagés avec France Victimes et La Maison de soie à Brive, une association dédiée à l’accueil et l’accompagnement de victimes de violences adultes femmes et hommes, les enfants victimes de violences intrafamiliales ou sexuelles et un parcours d’aide et de traitement pour les auteurs et autrices de violences.

Le soutien bienvenu de la commune de Campagne

Le 18 septembre 2022, l’association a organisé son premier évènement. Une journée riche en rencontres et surtout se souvient Alix, « une ambiance reposant sur la confiance, facilitatrice pour venir déposer et se libérer ». Ateliers d’expression, de création, cercles de parole, chaise parlante de partage de textes et de créations, projection de vidéos courtes, consultations avec une psychologue venue bénévolement pour l’occasion.

« Une journée enrichissante à de multiples égards, qui a changé l’histoire de l’association, révèle Alex. Une conseillère municipale de la commune de Campagne, Élisabeth Calmus, touchée par notre cause, nos ambitions et le peu de moyens dont nous disposions, a parlé de l’association au maire Thierry Peraro, qui nous a réservé un très bon accueil ».

Si le soutien s’est concentré au début sur l’aspect administratif, la commune a prêté depuis gracieusement la salle municipale de Campagne pour organiser le deuxième évènement en septembre 2023 ; Elle accueille également les ateliers réguliers de l’association. Mais Libérons la parole n’est pas la seule association à l’utiliser le local, et elle cherche désormais d’autres communes partenaires, susceptibles de proposer des espaces pour répondre aux demandes locales sur d’autres secteurs du Périgord noir ou au-delà.

Combattre le silence, l’arme la plus puissante des violences

« Nous sommes tous responsables, martèle Alix, le silence est le pire des fléaux. Aussi, nous travaillons pour que les victimes s’expriment jusqu’à ce que cela devienne normal d’en parler ». Un vrai travail de fond que l’association mène grâce à sa première mission d’écoute et d’accompagnement. Les personnes peuvent téléphoner au 07.43.01.43.12 ou joindre l’association par mail. Pour le moment, Alix est seule à répondre, mais au cours du premier semestre 2024, d’autres interlocuteurs également formés à l’écoute la rejoindront, dans le cadre de la mise en place de créneaux horaires dédiés.

La seconde mission de l’association vise à permettre aux victimes de se libérer, et grâce aux différentes activités et ateliers, de trouver un moyen d’expression qui leur correspond. Le premier atelier, initié le 8 janvier est celui de la danse contemporaine. Il est animé par Inès Amade.

« Le mouvement, la danse permettent aux personnes blessées dans leur corps de se le réapproprier et d’en connaître les limites, explique Alix.

Débutant le vendredi 12 janvier, l’atelier de comédie clownesque en mouvement est encadré par Alix. Issu de son expérience de comédienne et des techniques théâtrales de l’opprimé, cet atelier vise à exprimer des émotions enfouies et à apprendre, à travers la création de personnages, à rire de soi sans se juger dans le respect des limites de chacun. « Nous ne sommes pas là pour performer mais pour se faire du bien », prévient Alix. La première séance du cercle de paroles se déroulera à partir du samedi 13 janvier et sera coanimé par Cristina Sans et Alix Dehaye. Un atelier cercle de chants devrait également voir le jour courant 2024.

Enfin, dernier projet de l’association et pas des moindres, l’acquisition d’un camion aménagé pour organiser des tournées hebdomadaires de consultation psy, sur différentes communes du territoire.

Numéro de permanence téléphonique : 07.43.01.43.12 – libéronslaparole24@gmail.com