Toute l’année 2023 en Dordogne est placée sous le signe du dessin avec une série d’événements reflétant la diversité de cet art. Ces flamboyantes Pensées premières en sont assurément le temps fort, avec une centaine d’œuvres de maîtres modernes et contemporains, parmi lesquels Adami, Braque, Chagall, Calder, Debré, Degottex, Dubuffet, Giacometti, Hartung, Manessier, Matisse, Michaux, Miró, de Staël, Soulages… issues de deux grandes institutions, la fondation Marguerite et Aimé Maeght, et la collection Brache-Bonnefoi réunie à l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, aujourd’hui propriété du Centre des monuments nationaux. L’exposition, organisée par le Service départemental du patrimoine, sous le commissariat de Barbara Sibille, ajoute à l’intérêt du monument, l’un des plus vastes ensembles castraux du Sud-Ouest, qui vaut à lui seul le déplacement aux confins du Lot-et-Garonne.
Ensembles inestimables
L’aile de bâtiments classiques, dits des maréchaux et d’Henri IV, présente sur près de 500 m2 sept sections consacrées au dessin non pas au sens restrictif d’œuvre au crayon noir sur papier, mais comme expression d’une pensée première (dessein). La reproduction mécanique peut parfois générer plusieurs états d’interprétation jusqu’à l’estampe originale, et des sculptures, tableaux et objets d’art décoratif font aussi partie de ce paysage créatif organisé autour de sept thèmes : Pour l’amour de l’Antique, Vie des formes, Au-delà du réel, Vivante nature, Tracer la couleur, La psyché et l’étrange, Le corps en morceaux.
œuvres à part entière
« Le dessin est sans conteste le fondement de l’art selon les préceptes antiques et académiques », soulignent les organisateurs. Œuvre préparatoire destinée à de grandes compositions (tableaux, monuments sculptés, fresques, tapisseries, vitraux), le dessin est revenu au premier plan et « les feuilles des grands créateurs, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Primatice, Rembrandt, Delacroix, et bien d’autres sont aujourd’hui visibles dans les collections publiques et sont considérées comme des œuvres à part entière ».
Avec l’essor des arts graphiques au XIXe siècle, la multiplication des techniques aux XXe et XXIe, les artistes adoptent des gestes, des outils et des matériaux plus spontanés, légers et maniables que la toile ou la peinture à l’huile. Cette exposition, conçue dans un esprit pédagogique, montre comment l’expression graphique s’est développée de façon autonome à l’époque contemporaine.
- Jusqu’au 5 novembre. Visite intégrée à celle du château (deux étoiles au Guide Vert depuis l’an dernier)