
Depuis combien de temps travaillez-vous en tant que journaliste ? Pourquoi êtes-vous devenue journaliste ? Comment trouvez-vous les informations pour écrire vos articles ? Peu habituée à répondre aux questions (j’ai plutôt l’habitude de les poser), je me prête volontiers à l’exercice de l’interview, préparée par Cécilia et Émilie. Au fil de mes réponses, j’arrive à aborder différentes facettes du journalisme, notamment la question des sources.
Info, mode d’emploi
En prenant l’exemple de l’article intitulé Le Grand Périgueux s’engage pour l’économie sociale et solidaire, je projette d’abord l’invitation presse, à l’origine de l’article. Il s’agissait de la présentation, le 20 décembre 2024, de la première feuille de route de l’agglomération périgourdine pour stimuler le développement local de l’économie sociale et solidaire, appuyée par un diagnostic de territoire. Les chiffres et points à retenir figurent dans le communiqué de presse, que je montre également. Au cours de mes recherches pour vérifier les éléments fournis par le chargé de communication de la collectivité (source institutionnelle donc), j’explique aux élèves que je suis tombée sur le site du Réseau des collectivités territoriales pour une Économie solidaire. Grâce à leur carte des adhérents, et leurs éléments historiques, j’ai pu constater que d’autres communautés d’agglomération autour du Grand Périgueux développaient leurs politiques de soutien à l’ESS, et ce, depuis une dizaine d’années.
Autant d’éléments qui permettent de contextualiser le sujet. « Les journalistes ont-ils accès à des sources auxquelles n’aurait pas accès le grand public ? » me demande l’un des participants jusque là silencieux. Je lui indique que certains journalistes ont accès aux dépêches de l’Agence France-Presse, qui est un service payant, mais qu’en règle générale, je recherche des informations visibles à tous. J’aurais pu lui indiquer que si je ne trouve pas les informations recherchées, je peux en revendiquer le libre accès si « les faits conditionnent la vie publique », en vertu de la Déclaration des droits et devoirs des journalistes (Munich, 1971).
L’une des premières webradio de l’académie

« Nous sommes en plein dans le thème de cette 36e Semaine de la presse et des médias dans l’école : ‘où est l’info’ ?», se réjouit Paula Perez-Linares. La professeure d’espagnol a pris les rênes de l’atelier radio du collège Leroi-Gourhan peu après son arrivée dans l’établissement, en 2013. À l’époque, Marie-Claude Rage, professeure documentaliste, reprenait le flambeau après la mutation de Pierre Pilar, fondateur de la webradio, en 2011, dans le sillage de l’opération “Classe Radio” lancée en 2008 par le CLEMI de Bordeaux.
« J’ai rapidement perçu le potentiel de la radio, dont la pratique médiatique stigmatise moins l’élève par rapport son niveau scolaire », indique Marie-Claude Rage, aujourd’hui chargée de mission Éducation aux médias et à l’information (EMI) au sein de la coordination départementale Éducation artistique et culturelle.
Mise en pratique
Et ça réussit plutôt bien aux collégiens du Bugue. Ils sont dix jeunes cette année à se réunir une fois par semaine à la pause méridienne pour créer des petits billets, des micros trottoirs, ou des interviews. « J’essaie de me greffer, dès que l’occasion se présente, sur les projets d’autres collègues. Par exemple, il y a deux ans, nous avons mené un travail autour de Joséphine Baker avec trois collègues de français, avec une visite au château des Milandes et une rencontre avec plusieurs de ses enfants… c’était assez magique ! »
Depuis leur première participation, en 2015, l’enregistrement au direct inter-établissement, à Périgueux, reste le temps fort de l’année. D’ailleurs, l’interview réalisée ce mardi 25 février, sera diffusée dans ce cadre, en mai prochain.
“Le Dessous des images” générées par l’IA

Une centaine de lycéens ont participé à l’atelier pédagogique “Les IA et la Silicon Valley à l’assaut de nos imaginaires”, conçu à partir d’épisodes du programme d’Arte, le 27 mars, à Périgueux, dans le cadre de la 36e Semaine de la presse et des médias dans l’École.
« Les images ont toujours été manipulées au cours de l’Histoire, mais depuis deux ans, l’accès à l’intelligence artificielle a amplifié ce phénomène de manière industrielle. » À l’aise face à son auditoire, Emmanuelle Walter connaît bien son sujet. Ex-rédactrice en chef du “Dessous des images”, elle est aujourd’hui chargée du déploiement de cette émission consacrée aux photos et vidéos les plus regardées dans les médias et sur les réseaux sociaux. Parmi elles se glissent de plus en plus l’IA… conduisant à des deepfakes ou hypertrucage, technique de synthèse multimédia reposant sur l’intelligence artificielle.
Distinguer le vrai du faux. « Ces images fausses envahissent nos paysages mentaux. Cela abîme notre conscience de la réalité », appuie la journaliste. Après s’être mis d’accord sur le sens d’une liste de mots comme “l’ia générative” ou ”Grok”, l’IA du réseau social “X”, trois images, objets de trois épisodes de l’émission “Le Dessous des images” récents, sont projetées.
Kamala Harris portant un uniforme aux symboles soviétiques, Fidel Castro menant son peuple à la révolution, et des géants construisant les pyramides de Gizeh dans une vidéo d’une minute aux tonalités sépias… À chaque fois, Emmanuelle Walter amène les jeunes à prendre de la distance. « À quoi sert cette image ? », « À quel genre appartient-elle ? ». Ces deux questions permettent d’analyser une image plutôt que de la subir.
Aux élèves exprimant leurs craintes au niveau d’une éventuelle domination des robots, l’animatrice termine par une bonne nouvelle : « il est possible d’inverser le rapport de force dans cet univers de la tech californienne en éduquant l’IA »… avec des informations validés par des experts, cette fois ! Ainsi grâce aux dernières recherches sur l’acheminement des pierres servant à la construction des pyramides d’Égypte, la génération de l’image produite grâce aux “prompts” rédigés par les jeunes semble plus plausible.