Accueil BIEN inséré Auprès de mon arbre…

Auprès de mon arbre…

© SBT
DES RACINES ET DES AILES. À Castels et Allas-les-Mines, la vie s'organise autour du chantier de rénovation d'une vieille ferme pour la transformer en tiers-lieu intergénérationnel. Sophie Girard et son équipe ont accueilli les résidents et animatrices de l'Ehpad des environs de Saint-Cyprien pour enraciner ce qui les unit déjà.

Le projet avance, avec des chantiers collectifs organisés les samedis à la ferme, réunissant amis et bénévoles dans une ambiance joyeuse. La première activité officielle s’est déroulée fin novembre, concrétisant un partenariat avec l’Ehpad du canton de Saint-Cyprien, à Castels, pour se retrouver autour des jardins de l’ancienne ferme des Cauffours, autrefois dédiée à la polyculture, notamment celle du tabac qui poussait dans cette vallée fertile. Une cérémonie de plantation d’arbres, une essence distincte pour chaque résident et chacun d’eux donnant son nom à cet arbre, s’est faite au grand soleil d’automne, un peu après la Sainte-Catherine.

Enraciner ce projet

Sophie et Julien © SBT

Sophie et son compagnon Julien, sa fille Cassandre, sa mère et des amis ont préparé un goûter durant lequel un livre d’or a été ouvert pour l’union d’un aîné et d’un arbre : Jeanne a choisi un paulownia, Éliane un arbre à clochettes, René un mûrier platane, Liliane un chêne, Claude un liquidambar, Anne-Marie un tulipier de Virginie. « Les résidents ont apporté des boutures qu’ils ont préparées et des divisions de vivaces et, de notre côté, nous avons acheté les arbres qu’ils ont plantés. » Et qui grandiront dans la vallée de la Dordogne, entre Saint-Cyprien et Beynac. Et qui leur survivra. « C’est dans l’esprit de tout ce qu’on a prévu ici, poursuit Sophie. Un p’tit village dans le village, pour un maximum d’interactions entre toutes les générations. » Planter, faire pousser, cueillir… René a déjà mis des arbres en terre quand il était cantonnier pour la ville de Sarlat, après avoir été plâtrier et manœuvre maçon. Lui et les autres résidentes ont savouré cette sortie, et fait remonter des chansons oubliées, en occitan, reprises en chœur en repartant.

Faire pousser d’autres idées

Chacun son arbre © SBT

Tout a commencé lors d’une réunion d’animatrices. Claire, l’une d’elles, a parlé de Sophie et de ce qu’elle mettait en œuvre dans cette ferme. Sabine, ouverte à toute proposition pour le bien-être de ses résidents et la vie sociale possible avec eux, a saisi toutes les déclinaisons autour de ces rencontres : projection photo auprès de tous les autres pensionnaires de l’aventure vécue par ces six-là, techniques de préparation d’un jardin et de plantations, chansons liées aux jardins, de Dutronc à Trenet…

Une belle journée de fin d’automne © SBT

La sortie se fait avec le minibus acquis grâce à l’opération pièces jaunes des Hôpitaux de France qui a financé la moitié de cet achat réalisé par l’Ehpad. « Depuis huit ans que nous l’avons, nous sortons régulièrement pour des animations hors les murs : au cinéma, au musée La rue du temps qui passe, à Lascaux… «  Aujourd’hui, elles sont deux pour encadrer la balade, Liliana et Maeli, en stage auprès d’elle.

L’établissement, situé à deux pas du village, permet aussi d’ouvrir les résidents sur le quotidien des habitants, « on va au café d’à côté, chez Oscar », à Castels. Quels liens l’animatrice souhaite-t-elle continuer à nouer après cette plantation ? « Venir encore au jardin, et au bistrot quand il sera ouvert. »

Chantier collectif et joyeux

Un goûter intergénérationnel © SBT

Pour le moment, le projet porté par Sophie n’a reçu aucune aide financière, les caisses de l’association sont vides mais l’énergie de tous reste intacte. « Nous allons solliciter des fondations pour nous soutenir. » Le chantier a pourtant bien avancé, dans une ambiance intergénérationnelle, anti-solitude et antistress, comme le décrit Sophie : rien que pour cela, le projet est réussi, chacun apprenant des gestes utiles de construction. « Le chauffage est installé à l’intérieur de la maison, Julien a bien avancé au rez-de-chaussée, s’enthousiasme-t-elle. Le bureau et mon cabinet sont presque terminés, on a trouvé une magnifique cheminée sous les enduits. À l’extérieur, on a extrait beaucoup de déchets en creusant autour de la ferme, tous les gravats, les ronciers et les souches ont été évacués. Nous allons installer une palissade à l’entrée avec le logo que nous avons choisi : une chouette effraie, occupante des lieux avant notre arrivée. »

Ça prend forme, et Cassandre est ravie d’accueillir les premiers visiteurs. Jeunes et anciens se réjouissent de cette proximité dans l’action. Le reste du jardin accueillera un potager, petit verger, plantes aromatiques. Pour l’implantation du street park, des fondations dédiées au sport seront sollicitées.

Un bel attelage

Du plan à la réalité © SBT

Les plans, signés par l’architecte Alexandra Smit, prévoient des panneaux photovoltaïques, un roof top à l’indienne pour le café, terrasse, hangar, logements de secours à l’étage et bureaux en bas, espace libre dans la grange, plateau de danse notamment pour La Mouchette, et petite boutique dans l’ancienne étable.

Non contente des journées bien remplies sur le chantier et avec son activité professionnelle, Sophie suit les cours d’une école d’attelage en Aubrac, formation qui lui permettra d’être autonome et assurée côté responsabilité pour circuler sur la voie publique avec son attelage de chevaux et wagonnette. « Nous pourrons aller chercher les résidents de l’Ehpad et les conduire jusqu’ici, ça aura de l’allure ! »