On l’avait annoncée dans le hors-série coédité avec l’Édition Périgord, l’application dédiée aux jardins d’ici et d’ailleurs fleurit bien ce printemps, et le projet a même réussi à se classer deuxième au Créathon proposé fin mai par la CCI Dordogne.
Facile d’accès et gratuite pour l’usager, cette application comble un vide en même temps qu’elle comble de joie les amoureux de parcs et jardins en réunissant les informations utiles sur les sites de référence et d’autres moins connus, partout en France… et bientôt au-delà. Tout cela imaginé depuis le Périgord par une passionnée, soutenue par une investisseuse locale.
Cueillir une belle idée
La crise sanitaire a redonné des envies d’air, de pleine nature et de contemplation, aspirations parfaitement conciliables avec l’univers de la tech. Allons O Jardin en fait l’utile démonstration. Sophie Bogard adore les jardins et espaces verts, « j’ai eu une maison d’hôtes qui s’appelait Jardin d’Eden », et ne manque pas une occasion, quand elle ne se déplace pas tout spécialement pour les visiter, de prévoir au moins un détour pour en découvrir. C’est ainsi qu’elle s’est demandé pourquoi il n’existait pas encore d’application pour les recenser et suggérer des visites à partir d’une géolocalisation, ou pour les préparer en amont. « C’est l’idée de départ : un outil simple, au service du collectif. J’ai essayé de réfléchir, j’ai trouvé le nom, dessiné le logo, j’ai imaginé à quoi pourrait ressembler cet outil… et je me suis dit qu’il fallait le créer. » Elle dépose dès lors l’idée et le nom à l’Inpi. Nous sommes en mai 2023, Sophie Bogard ne sait pas encore dans quoi elle s’engage, mais elle fonce. Question de caractère.
Une appli qui nous fait une fleur
Les rencontres faites en chemin vont la conforter dans son projet. L’avis du directeur de l’Office de tourisme de Périgueux, tout d’abord, qui lui conseille de prendre l’attache du ministère de la Culture pour les Jardins remarquables. Une amie, Muriel Demoulins, s’enthousiasme au point d’investir financièrement dans l’aventure. « C’est le tournant décisif : je n’ai pas eu besoin de prêt bancaire. » À cela s’ajoute le lien avec une experte en communication, qui accompagne le projet. Ce trio féminin déterminé permet au projet de se construire en moins d’un an. La SAS Allons O Jardin, créée ce mois de février, est présidée par Sophie Bogard qui conserve son activité précédente (avec www.naitreasoi.com, elle se veut déjà semeuse de graines) tout en s’appliquant au volet opérationnel de ce projet.
Coups de cœur sur fond de verdure
Enraciné de façon très cohérente en Dordogne, qui compte un grand nombre de jardins incontournables ou plus secrets, l’outil vise une dimension européenne : conçu d’emblée en version bilingue, il devrait intégrer des sites étrangers au fur et à mesure. Et pour permettre un usage gratuit pour le public comme pour les sites répertoriés, quelques annonceurs sont prévus, un agenda payant pour valoriser des temps forts d’actualité (floralies, pique-nique en blanc, location pour cérémonies…) et une place de marché spécialisée pour acheter directement son billet.
Environnement porteur
« Ce type d’outil n’existe pas. Certains sites ont une billetterie en ligne, pas tous, ou sont noyés dans la masse des marketplaces généralistes. Nous génèrerons du volume tout en entraînant ces jardins vers l’avenir car les nouvelles générations attendent cette facilité d’accès. L’objectif est aussi de désengorger certains, dont le succès devient contreproductif au niveau économique et environnemental, pour révéler des lieux alentours plus confidentiels et intimistes, en suggérant une nouvelle circulation et une meilleure répartition des flux, pour un tourisme plus agréable. Les OT sont aussi très intéressés. » On pourra ainsi arriver au Clos Lucé, bien connu pour Vinci, par l’accroche du Parc de Leonardo… ou trouver les jardins du Puy du Fou plutôt que le parc, en découvrant ceux du Loriot, juste à côté. Cette autre approche du patrimoine vaut aussi pour les musées et les châteaux, à découvrir par le prisme de leurs jardins.
Avenir prometteur
Inscrite au cœur des questions environnementales et climatiques qui se posent, Allons O Jardin a encore beaucoup de fils verts à tirer pour enrichir l’appli, comme les brocantes de plantes ou les échanges de graines. Donner l’occasion de découvrir des pépites n’est pas le moindre objectif de Sophie Bogard qui continue de répertorier les incontournables et les régions de référence pour les amoureux du genre (Périgord, Val de Loire, Bretagne, Normandie). 700 sites sont déjà dans la galerie de l’appli, répartis dans toute la France. « Aucun commentaire de notre part, nous souhaitons plutôt que les visiteurs créent leur compte, organisent des favoris, partagent. » Et pourquoi l’appli ne deviendrait-elle pas aussi un label ? Son logo en a déjà les attributs visuels, l’invitation signature en prime : “Évadez-vous au cœur de la beauté”. Le monde et nos vies en ont grand besoin.
Dépoussiérer l’accès aux jardins
Dans les grandes catégories payant, gratuit, remarquable (quelques villages sont entièrement labellisés), Allons O Jardin apporte texte, photo et informations pratiques (chiens admis, jeux pour enfants, pause repas, etc.) avec un lien vers le site concerné pour les horaires, soumis à variations au fil des saisons. « De quoi créer du trafic avec chacun. Nous avons envie de susciter des interactions, pour que les visiteurs deviennent nos ambassadeurs en nous adressant leurs coups de cœur, avec des liens vers les comptes Insta, pour faire circuler d’autres photos que notre propre banque d’images personnalisée. »
Un écrin digital et végétal
La conceptrice a avancé le plus possible avec les ressources locales, elle a adhéré à la French Tech Périgord, le serveur est basé en France et c’est un développeur bordelais spécialiste du NoCode, l’équipe de la société TurnK, qui finalise l’application web progressive (PWA, combinant les meilleures conditions Web et mobile, pour consulter tout en légèreté, sans télécharger). « Le moteur de recherche est conçu avec des critères très affinés. L’IA sera sûrement un pas supplémentaire pour suggérer d’autres offres liées, par exemple une étape artisanale sur le trajet. » Pour le moment, c’est un outil du juste milieu, qui pourra se complexifier ensuite.