Assistante vétérinaire à Saint-Astier, Alexa est à titre personnel la bienfaitrice des animaux en perdition : sa maison est une arche de Noé près de laquelle évoluent en liberté oies et canards, poules sauvées de l’abattoir, marcassin orphelin devenu sanglier affectueux comme un toutou, chiens rescapés de toutes sortes (borgne, sourd, incontinent), oiseaux tombés du nid, et plus largement tout ceux que l’humain peut abandonner dans la nature ou dans une poubelle, par égoïsme ou méchanceté, souvent les deux. Certains sauveteurs de passage lui laissent un petit billet en reconnaissance, conscients de ce qu’elle engage de temps et de moyens pour prendre le relais.
Alexa en connaît un rayon sur les races, les couleurs et les habitudes de ceux qu’elle sauve. Elle repère les plus vifs et intelligents, sans renier les plus fragiles. Elle dispose de tous les agréments requis pour sa ménagerie.
La tribu bigarrée se nomme Hulk, Vodka, Rasemote, Crunch ou Mojito, la paon Léon, le poney Crumble, Ronron le sanglier, Biscotte et Craquotte les chèvres… prénoms souvent attribués de façon décalée. Chacun est recueilli avec affection pour connaître une nouvelle vie, sans violence. « Le staffie a été trouvé à Bergerac, abandonné, il avait un mois, couvert de gale, plus un poil… Il devait être euthanasié, mais on m’a appelée via l’association. » Et le voilà, tout pimpant. Parmi ses six chiens capables de vivre avec tous les autres animaux, y compris les oiseaux, sans bagarre.
« Un choix de vie »
Alexa vit dans le moulin acquis par son grand-père en 1957, entre Beauronne et Douzillac, pour créer une pisciculture. Cet ancien résistant de la Double, fait prisonnier sur dénonciation et déporté, était alors de retour d’une carrière dans l’armée, en Afrique. « Il a creusé l’étang et créé les bassins à truite, mon oncle a ensuite pris le relais et créé une unité pour fumer les poissons. » Ses grands-parents sont ensuite partis en Polynésie, où son grand-père a voulu finir sa vie, en faisant de la gravure sur nacre. « Il adorait les animaux. Mon père était aussi dans l’armée, nous nous sommes beaucoup déplacés en France et je passais toutes mes vacances d’été ici. Il suffisait que je dise que j’étais la petite fille de Casimir et toutes les portes s’ouvraient, mon grand-père était très estimé. Quand je suis rentrée de Tahiti, où nous avons passé six ans avec mes parents, nous nous sommes installés au moulin. »
Un parcours atypique et une famille qui ne l’est pas moins donne à Alexa une personnalité ouverte à toutes les curiosités et aux rencontres nées de ses voyages, de la découverte de modes de vie différents… avec un attachement particulier à la Polynésie, où elle ne pense pas revenir de si tôt. Charge d’animaux oblige… joli fil à la papatte.