Il compte parmi les personnalités et êtres chers disparus au plus dur de la période Covid, auxquels on n’a pas pu dire adieu sur place en raison des mesures restrictives appliquées aux cérémonies d’obsèques. Les proches, la famille et les amis d’Alain Robert se sont retrouvés vendredi 31 mars, jour précis du 80e anniversaire de sa naissance, pour un hommage en deux temps à Sorges, sa commune qui lui doit beaucoup.
La municipalité a choisi de lui dédier le parc où se déroulent les événements conviviaux qu’il aimait tant animer. L’inauguration a été marquée par l’intervention de deux élèves qui ont enquêté, avec leur classe de CM2, sur les traces de la vie bien remplie d’Alain Robert… avec la complicité de son épouse, Nicole, et de ses filles Pascale et Sophie.
« Et voici ce que nous avons appris sur lui »
L’occasion de raviver auprès de l’assistance le souvenir encore très présent de celui qui nous a quittés le 12 mars 2020, à l’âge de 77 ans. « Très jeune, il avait été marin et avait beaucoup navigué sur de gros bateaux. Il aimait souvent raconter ses voyages lointains, vers Cuba ou l’Amérique du sud. Encore jeune, il revint à Périgueux, sa ville natale, et s’engagea chez les sapeurs-pompiers, où il fit toute sa carrière, qu’il termina avec le grade de capitaine. Installé définitivement à Sorges au début des années 80, il s’engagea avec passion dans toutes les actions qui pouvaient servir l’intérêt général de sa commune d’adoption : il fut adjoint au maire, président de l’office de tourisme, président du comité des fêtes. Tout ce qui était nouveau l’intéressait. Il a participé à la création de Radio Dordogne Nord, l’une des premières radios libres de Dordogne, qui émettait depuis le premier étage de la salle des fêtes de Sorges. Passionné par l’informatique, il fut l’un des premiers dans la commune à s’équiper d’un ordinateur. Il avait un vrai talent de photographe et a enrichi l’histoire de notre village par des milliers de photos. »
SOS dépannage
Naturellement doué pour la communication (membre du club de la presse du Périgord, correspondant de Dordogne Libre), Alain Robert adorait les spectacles (« Les fonctionnaires sur scène » s’en souviennent), les concerts, les fêtes (L’Isle en folie à Périgueux dans les années 80, et tant d’autres). Comédien né, il avait toujours une histoire à raconter (et ses amis en ont raconté quelques-une lors de la soirée) et distribuait généreusement sa bonne humeur partout où il passait. Son exceptionnel sens pratique, déployé tout au long de sa carrière où ce MacGyver local a débrouillé plus d’une organisation logistique, il savait tout faire et trouvait des solutions ingénieuses dans toutes les situations.
Un supplément d’âme pour Sorges
« Il est difficile de trouver dans la commune des domaines qui ne portent pas son empreinte. Dans notre école, par exemple, il apportait son concours aux enseignants et collaborait fréquemment, avec son épouse Nicole, à la mise en place de projets pédagogiques originaux. Tous ceux qui nous ont parlé de lui nous ont dit la même chose : il était un bienfaiteur de la commune et pendant près de 40 ans, il n’a jamais cessé de travailler pour rendre la vie des autres plus agréable, pour organiser de grandes fêtes et pour faire connaître Sorges à l’extérieur. Il faisait partie de ces hommes rares qui ne peuvent être heureux que lorsque les autres le sont ! »
« Un homme extraordinaire » (les Innocents)
Parce qu’il est un exemple pour les jeunes générations, ce parc proche de l’école et du nouvel accueil périscolaire inauguré le même jour vivra comme un hommage permanent « à ce qu’un citoyen généreux et dévoué peut apporter à sa collectivité » — le maire Jean-Jacques Ratier y voyant, au-delà de cet exemple, un alter ego, un ami — ; il vivra au rythme des courses d’enfants qui le traversent et des fêtes régulièrement organisées ; le parfum des fameuses truffes de Sorges allié à jamais aux voix de la non moins fameuse Truffe de Périgueux et Radio France, qu’il a longtemps accompagnée.
Alain, c’était tout cela et bien davantage : la somme de tous ceux qui l’aimaient et continuent de penser à lui.
Unique, mais plusieurs univers
Une soirée a permis à la diversité d’univers que côtoyait Alain Robert de n’en faire qu’un, les truffes et La Truffe, les pompiers et les médias, les élus et les associatifs, tout ce qu’il a aimé de la vie rurale en proximité, festivité, responsabilités… Jean-Charles Savignac a évoqué ses souvenirs de maire, la création des premiers marchés de nuit grâce à une idée ramenée d’Italie par Alain ou encore un survol du Village Vacances Familles par le Père Noël (Alain) en ULM.
Un sourire en trait-d’union. Les histoires drôles qu’il récoltait et redistribuait à foison (une mémoire d’éléphant !) avec son petit truc en plus ; « Et le lendemain, elle était souriante », parodie de chanson réaliste à sa façon… une constellation de bons moments ont dessiné son enthousiasme omniprésent. Loïc Delviel a donné de la voix avec un répertoire sur mesure, quelque chose de Johnny et des éléments de portrait à lire entre les lignes musicales, comme le « J’y vais » du duo Pagny-Fiori interprété avec le neveu d’Alain, Christophe, né sur scène au concours de la Truffe de Périgueux. Autant d’évocations de l’homme attachant et engagé auquel tous pensaient.