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À la source de nos Archives

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ENQUÊTE D'HISTOIRE. La fabrique de l'Histoire en Périgord : l'exposition proposée par les Archives départementales de la Dordogne, en lien avec le 150e anniversaire de la Société historique et archéologique du Périgord, fait entrer le visiteur dans les coulisses de la recherche historique des deux derniers siècles, en compagnie d'archivistes, érudits et historiens.

À l’occasion du 150e anniversaire de la Société historique et archéologique du Périgord, cette année —  deux panneaux d’exposition sont consacrés à la SHAP, ses 11 présidents y sont cités depuis le docteur Galy jusqu’à Dominique Audrerie, élu en 2018 —, l’équipe des Archives départementales a choisi de s’interroger sur la “fabrique de l’histoire“ en Périgord, matériaux et rouages chers à sa raison d’exister et de fonctionner.

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Professionnels et amateurs

À travers l’exposition visible jusqu’aux Journées du Patrimoine et la revue Mémoire de la Dordogne qui lui consacre un copieux dossier, le “bras armé” patrimonial du Département aborde les conditions et les méthodes de recherche durant les deux derniers siècles, faisant émerger des figures incontournables de la (con)quête historique et une terre d’abondance à défricher. « Écrit-on l’histoire de sa “petite patrie” avec une vision limitée ou rapporte-t-on les événements passés dans un contexte plus large ? s’interrogent les commissaires d’exposition en ouverture. Peut-on, à partir de ces travaux d’histoire locale, effectuer une synthèse et brosser un tableau complet de l’histoire du Périgord ?»

Constitution d’un fonds

Depuis le XIXe siècle et leur mise en place progressive, les modes d’écriture de l’histoire ne cessent d’évoluer et cette exposition souligne le rôle essentiel des archivistes et des érudits périgourdins dans la constitution des fonds comme dans l’élaboration d’outils de travail qui servent toujours aux recherches. On croise une galerie de portraits d’indispensables acteurs de l’histoire locale : « curieux, érudits polygraphes, chercheurs plus professionnels », on pénètre leurs méthodes, la façon dont ils ont constitué leurs archives et transmis leurs connaissances dans des ouvrages de référence.

Mise en ordre des ressources documentaires

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C’est la loi du 5 brumaire an V qui a créé les Archives de la Dordogne. Avec la naissance de la Société historique en 1874 (150 ans), un public plus nombreux fréquente cette mine d’informations, encore bien peu organisée. Auguste Dumas (1907-1910) puis Géraud Lavergne (1911-1935), premiers archivistes paléographes nommés en Dordogne, font avancer l’organisation. En s’installant en 1959 dans l’ancienne École normale, place Hoche, à Périgueux, la capacité passe de 5000 à 15 000 mètres linéaires et des versements en souffrance trouvent un classement. L’installation dans les actuels bâtiments a ouvert les portes à une plus large fréquentation. De Joseph Prunis (1790) à Maïté Etchechoury, actuelle directrice de l’équipe des Archives, arrivée en 1998, 7 archivistes puis 9 archivistes-paléographes se sont succédé à ce poste.

Répertoire de travail © SBT

Frénésie de parutions

Avec la “chasse aux documents” lancée au XIXe, le recensement, le classement et l’inventaire des archives attisent une frénésie de parutions. Les érudits traquent les sources, les recherches avancent et les ouvrages fleurissent, certains encore fondamentaux pour les passionnés d’histoire du Périgord, beaucoup soutenus par la Société historique et archéologique du Périgord à commencer par Sigillographie du Périgord de Philippe de Bosredon (1880).

Cultiver la mémoire locale

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Bien des noms balisent la grand route des indices de notre histoire : Alexis de Gourgues (1801-1885) et son Dictionnaire topographique du département de la Dordogne (1873) ; Alfred de Froidefond de Boulazac (1814-1893) et son Armorial de la Noblesse du Périgord (1858) ; Léon Dessalles et l’Histoire du Périgord  (1883) ; Denis Peyrony, Le Périgord préhistorique : essai de géographie humaine (1949) ; Gérard Fayolle, avec son Histoire du Périgord (1983, Fanlac) ajoute une approche des aspects économiques et surtout sociaux. On doit à Arlette Higounet-Nadal la première histoire collective et universitaire du Périgord (1983, Privat).

De monographies en nouvelles sources

L’Ancien et le Nouveau Périgord, du chanoine Brugière, montre que les prêtres ont constitué des recueils de l’histoire de leur paroisse. Dans le sillages des travaux des instituteurs sous la IIIe République, souvent secrétaires de mairie et archivistes communaux, les monographies de commune sortent du genre mineur dans lequel elles ont été tenues et continuent d’attirer de nombreux Périgourdins attachés à leurs “petites patries”. Les Archives encouragent et récompensent d’ailleurs ces travaux à l’occasion des Clochers d’Or. Elles cultivent aussi le lien avec les sociétés savantes, SHAP et d’autres, plus thématiques ou locales.

Des histoires dans l’Histoire

À l’entrée de l’exposition, un grand format du Congrès archéologique de France en 1927, issu des collections de la SHAP © SBT

Les travaux historiques de synthèse, sous la plume d’historiens amateurs ou dans le cadre d’études universitaires, se multiplient au XXe siècle. Et avec un accès aux archives facilité par la numérisation et Internet à partir de 2000, la diffusion s’élargit… et des sources originales émergent aussi, à manipuler avec précaution. Il semblerait que subsistent pourtant des “zones blanches” dans l’histoire du Périgord : « il faut bien laisser du travail aux historiens de demain », suggèrent les auteurs de l’exposition.

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À vos postes

La reconstitution d’un cabinet de travail, tel qu’on l’imagine pour l’archétype du chercheur au XIXe, est un beau raccourci scénographique de cette fabrique de l’histoire ; les chercheurs d’aujourd’hui la manient avec bien d’autres outils, numériques notamment, mais toujours la même rigueur pour servir cette discipline.

Passage en Revue

La revue éditée par les Archives départementales est disponible dans des librairies et maisons de la presse (Cultura Marsac ; Marbot, Des livres et Nous, Les Ruelles, Bonnaventure, Presse Clos-Chassaing, atelier de reliure Legrand à Périgueux ; Centre culturel Feuilleraie Trélissac ; Maisons de la Presse Montpon, Neuvic, Brantôme, Ribérac, Le Bugue, Montignac, Terrasson ; L’arbre à Palabres Ribérac ; Centre culturel Leclerc et La Boutique Sarlat ; La Coline aux livres, Montaigne et espace culturel Leclerc Bergerac)

Les anciens numéros sont disponibles aux Archives, tout comme d’autres ouvrages édités.