Sa tour clocher qui émerge de l’enceinte fortifiée domine le bourg aux maisons blondes du haut de ses trente mètres, l’équivalent d’un immeuble de dix étages. On pénètre dans la nef de l’église en marchant sur des pierres usées par les années, le nez levé pour repérer des visages sculptés disséminés, pour atteindre le chœur et des chapelles austères. Nous sommes dans l’abbaye de Saint-Amand-de-Coly, l’un des plus impressionnants vestiges du XIIe siècle en Périgord. Un site qui fête ses 900 ans.
« Nous ne savons pas avec précision quand l’abbaye a commencé à être construite, mais son processus de création a été lancé un peu avant 1130. 1124 c’est plausible et ça va bien avec notre département. On a donc décidé que de fêter l’anniversaire en 2024 », sourit Pierre-Marie Blanc, le président des Amis de Saint-Amand-de-Coly. Archéologue de métier au CNRS et à l’université Paris-Nanterre, ses terrains de recherches se trouvent durant l’année en Syrie et en Jordanie. Mais ce Périgourdin qui vient depuis tout jeune à Saint-Amand est l’un des habitants du secteur amoureux de cette abbaye. Il met toute son expertise et ses contacts pour révéler les secrets de ce monument malmené au cours des siècles par les guerres, les épidémies et la Révolution.
Recherches partagées
Ces dernières années il a fait appel aux techniques de prospections géophysiques les plus récentes pour sonder le sous-sol, afin de découvrir l’emplacement des bâtiments monastiques disparus comme le cloître, les logements et lieux de travail des moines. L’étude en cours des fortifications permettra également de mieux comprendre l’histoire du monument. Les compétences de l’archéologue facilitent les autorisations de fouilles de la part de la Direction régionale des affaires culturelles.
Les résultats ont aussi permis d’établir une modélisation en 3D de l’abbaye avec le concours d’Archéovision, plateforme scientifique issue de l’Université de Bordeaux. « Ce qui est important pour nous c’est de partager l’information issue de nos recherches avec le public », explique Pierre-Marie Blanc. L’association des Amis de Saint-Amand-de-Coly relaie ses connaissances depuis des années avec une borne interactive, un site internet bien fourni et des livres, dont un ouvrage collectif qui vient juste de sortir aux Éditions du Ruisseau, à Sarlat, sous la direction de Romain Bondonneau, Saint-Amand-de-Coly, 900 ans.
Quatorze associations
La commune de 600 habitants, labellisée Plus beau village de France, a de nombreux autres atouts dont le principal est l’implication de ses habitants. Ses animations souvent originales, spectaculaires et gratuites, comme son festival de spectacles de rue Saint-Amand fait son intéressant ou son mapping nocturne estival, sont connues à travers toute la Dordogne. « Nous avons ici depuis longtemps des femmes et des hommes qui sont partie prenante de leur patrimoine », résume Jean-Baptiste Cessac le secrétaire général des Amis de Saint-Amand-de-Coly, retraité d’une importante structure sociale de la région parisienne, impliqué ici depuis longtemps. Parmi les quatorze associations de la commune, celle-ci existe depuis 1971 et a souvent un rôle de coordination. « Il ne faut pas hésiter à aller chercher des moyens, j’ai fait quinze dossiers de demandes cette année encore », souligne le secrétaire. Il faut aussi travailler en très bonne entente avec la mairie et les autres collectivités.
Des rénovations et des bénévoles
L’un des gros dossiers depuis des années reste la rénovation de l’abbaye. Elle était très mal en point au XIXe siècle, mais des campagnes successives de rénovations (la dernière a duré dix ans et vient de s’achever) lui ont redonné une belle allure. Surtout, les habitants savent y faire pour apporter de la vie à ces vieilles pierres. « On y passe beaucoup de temps et on profite de l’aide d’environ 150 bénévoles », reconnaît Jean-Baptiste Cestac.
Tout un écosystème profite de ce dynamisme dont la mairie, les artisans d’art installés dans le bourg, l’hôtellerie restauration, les quatre centres de vacances et même l’école avec ses trois classes pleines d’enfants. Preuve que l’on s’y sent bien pour y vivre toute l’année.
Un feu d’artifice d’animations
Tout l’été, comme toute l’année, les associations multiplient les rendez-vous dans et autour de l’abbaye.
Pour les 900 ans de l’abbaye, le festival de rue à la mi-juillet avec les compagnies Générik Vapeur et Akouma comme locomotives, a fait plus fort que jamais. L’association organisatrice Saint-Amand fait son intéressant poursuivra sa programmation le 19 octobre en accueillant l’étonnant musicien traditionnel André Minvielle.
Coly-Saint-Amand reçoit chaque année des concerts du Festival du Périgord noir dont, début août, ceux de son académie de jeunes talents baroques. C’était encore le cas cette année jusqu’au 8 août.
• Le 14 août, ce sera le retour du musicien Luc Arbogast, talent atypique popularisé par l’émission The Voice avec son concert Via Antika.
• Les 16, 19 et 21 août, la nuit des contes sur le parvis de l’abbaye.
• La fête du 15 août s’achèvera par un bal trad avec Pluma Blanca, “entrée à prix libre et conscient”.
• Du 23 au 25 août chaque soir à 21 heures visites et projections pour la nuit des abbayes.
• Tous les mardis de l’été, marché des producteurs et vers 22 heures projection d’un nouveau mapping sur les murs de l’abbatiale (encore le 13 et le 20 août) ainsi que le 21 septembre.
• Les 7 et 8 septembre, concert autour de Vivaldi avec l’ensemble orchestral de Dijon et le chœur Pacte de Tourtoirac.
• Le 15 septembre, concert du Duo Lutz Aeternae.
• Le 21 septembre, pour les journées du patrimoine et le final des 900 ans, concert avec la Compagnie la tempête qui métisse musiques ancienne et créations contemporaines. Tout un programme spécial sera proposé durant deux jours.
• Une exposition de 70 photos et de documents sur l’abbaye et le village est présentée tout l’été sur le chemin de l’abbé Carrier, autour de l’église.