Angelika et Ulrich Hahn-Woernle, qui avaient acquis en 2001 une propriété à Saint-Germain-des-Prés, dans les environs, portaient régulièrement leur attention sur ce bâtiment abandonné lorsqu’ils venaient à Excideuil, à deux pas de l’église et de l’ancien champ de foire, jusqu’au jour où un panneau “à vendre” déclencha tout ce qui va suivre. « Cet élan initial était purement fondé sur la volonté de sauver cet ensemble, constitué de plusieurs bâtiments, d’une grange, de dépendances et d’un vaste parc en surplomb du bourg », décrit Arnaud Le Gay, président de l’association chargée de faire vivre les lieux.
L’abandon aux pillages et les ravages de la tempête de 2013 sur ses toitures ont eu raison des atours d’origine de la demeure, mais aussi des meubles et objets restés sur place : ceux qui n’avaient pas encore été volés n’ont pu être sauvés des intempéries. Sur la partie arrière, les voûtes qui conduisent aux caves étaient entièrement enfouies sous la végétation. L’histoire détaillée de la rénovation a été consignée. On imagine le courage nécessaire pour se lancer dans cette entreprise et on mesure tout le savoir-faire des équipes de professionnels dépêchés sur place, sous la conduite d’un architecte expert, enfant du pays, Luc Joudinaud.
Un architecte et des entreprises du Périgord
Formé à l’école de Chaillot, celle des architectes des bâtiments de France (ABF), il a pu tirer le meilleur parti des lieux, classifiés Monument remarquable (ZPPAUP de 1991) et orchestrer la partition des Restaurateurs du patrimoine (Milhac d’Auberoche), PAP charpente Bois (Saint-Médard-d’Excideuil) et Dubois-Turban couverture (Sanilhac), premiers intervenants sur les missions d’urgence de toiture. L’architecte du patrimoine a su conserver l’héritage du XVIIIe, époque de splendeur pour Excideuil qui a vu se multiplier un nombre impressionnant d‘hôtels particuliers pour une modeste cité, temps glorieux des maîtres de forge, tout en apportant un confort moderne et respectueux de l’environnement, avec un chauffage par géothermie.
Entre 2016 à 2020, les corps de métiers se sont succédé, « le menuisier est par exemple resté six mois sur le chantier ». Les époux Hahn-Woernle ne savaient pas vraiment ce qu’ils achetaient, le potentiel caché sous les ronces ni même combien cela pourrait coûter. D’autant qu’ils ont voulu œuvrer dans les règles de l’art. « En la modernisant, nous avons essayé de sauvegarder ses joyaux du passé, comme par exemple les sols en dalles de pierre, les formes des fenêtres, les portes et les lambris, les parquets réalisés sur des modèles anciens de Versailles et Limoges, les anciennes cheminées et la cage d’escalier », signalent les investisseurs.