L’Institut du goût sonne à nos oreilles périgourdines, structure bien nommée dans un paysage local réputé pour sa gastronomie : depuis 2006, des consommateurs sont liés à ce site de Coulounieix-Chamiers pour tester toutes sortes de produits confiés par des producteurs soucieux de valider des critères de qualité et d’image. Imasens, marque endossée par la structure au fil de son développement et de son ouverture au-delà de l’agroalimentaire (cosmétique, hygiène domestique, alimentation animale…), sera bientôt encore plus visible avec l’extension du site prévue afin d’ajouter de nouveaux services et de répondre à d’autres demandes.
Sabine Kieser, directrice de l’association d’origine et présidente de la SAS créée depuis, revient sur les mutations en cours, avec la farouche volonté de diriger depuis Cré@vallée cette activité déployée à l’échelle nationale et internationale.
Nouveau marché et extension en vue
L’extension prévue des bâtiments se justifie largement par les nouveaux projets d’Imasens, avec une ouverture vers le marché des professionnels de la coiffure afin d’émettre des avis pour améliorer l’application de produits. « Des entreprises de ce secteur vendent aux artisans, pas au grand public. Des évaluations se feront donc avec eux, alors que pour le moment nous mettons plutôt en œuvre des tests réalisés avec des consommateurs. » Des esthéticiennes, coiffeurs et coiffeuses vont évaluer les crèmes de soin, sérums capillaires, shampooings, couleurs, gels, laques, lignes pour barbe, mais aussi des ustensiles et du matériel. De quoi améliorer l’application de tous ces produits. « Cela nous est demandé depuis longtemps : mon expertise est reconnue car je gérais cet aspect dans mon ancienne vie, mais je n’arrivais pas à dégager de temps. »
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Deux esthéticiennes “maison” évaluent déjà la mise en œuvre de certains usages cosmétiques, cela pourra s’étendre à d’autres propositions comme des techniques de massage en instituts de beauté. « Nous aidons parfois de grands groupes, qui disposent de leurs propres modules, lorsque la demande est trop forte chez eux. C’est un marché très spécifique et nous sommes seuls à proposer cela en France. Cela intéresse des laboratoires qui n’ont pas de structure intégrée. » Une cabine d’esthétique adaptée s’ajoutera bientôt au petit salon de coiffure déjà aménagé, mais surtout « nous allons agrandir le site en réorganisant les espaces pour mieux séparer lieux de test et bureaux, avec des locaux dédiés sur 50 m2 très lumineux ».
D’autres types de tests
Pour le moment, Imasens recrute des coiffeurs en région parisienne pour intervenir dans des coworking spécifiques, avec 20 bacs pour des tests : un moyen d’assurer la commercialisation qui a déjà débuté, en lien avec des coiffeurs free-lance pour assurer les essais. Mais l’objectif est bien de créer cette configuration dans les locaux d’Imasens, en recrutant des professionnels et aussi des modèles.
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Des chargés d’étude polyvalents recueilleront les données d’ordre sensoriel pour évaluer et standardiser les éléments recueillis afin d’assurer la pertinence du produit à partir de performances précises (homogénéité, etc.) avec des méthodes scientifiques identiques aux grands groupes. « Nous recherchons déjà des modèles, les inscriptions se font sur le site habituel, certains testeurs sont déjà intéressés, les sélections se feront à chaque fois en fonction de critères de peau, de cheveux… Nous avons besoin de tous les types pour tester des fonds de teint, des colorations… » Il faut prévoir 30 mn pour un test de shampoing par exemple.
Collaborations locales
« Je crois beaucoup à ce nouvel axe. Et j’y crois ici, insiste Sabine Kieser. On a toujours travaillé ainsi, ça permet de valoriser tout un circuit économique. Un écosystème s’est organisé autour de nous, en plus des emplois créés. L’entreprise valorise tout ce qu’elle peut en achetant localement les produits nécessaires aux tests, soit 3400 références : nous avons 80 testeurs à chaque séance, soit autant de mascaras, foie gras ou jus d’orange à chaque fois ; et les bons d’achat sont dépensés ici. »
Pas envie de quitter le Périgord pour assurer ce nouveau projet de développement ? « Certainement pas ! Il n’y a que les Périgourdins pour douter parfois d’eux ou ressentir un complexe là où il n’y a vraiment aucun obstacle dans l’esprit de nos clients, qui ne voient que l’expertise déployée. La notion de terroir a aussi une véritable valeur. On est parfaitement bien installés ici, avec de l’espace et un parking, sur un axe fréquenté et desservi par des bus, c’est simple pour nos équipes et nos testeurs comme pour nos clients qui viennent de partout, récemment d’Amsterdam, pour assister à certaines séances lorsqu’elles portent sur des innovations, notamment, pour discuter avec les participants. Les grands groupes internationaux avec lesquels nous travaillons n’ont aucun problème avec le fait que nos salariés soient à Périgueux. L’essentiel est que la prestation soit conforme et réalisée avec sérieux. » Les critères de qualité sont en effet les mêmes ici qu’ailleurs, « les audits effectués sur la cybersécurité RGPD nous situent au maximum, nous avons une politique RSE, nous répondons à la norme Iso 9001… Nous répondons aux exigences imposées par tous les grands groupes ».